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David Kato, militant LGBT ougandais assassiné



Têtue - Christine Le Doaré - Jeudi 27 janvier 2011

David Kato, militant de l’association ougandaise Sexual Minorities Uganda –SMUG- et âgé de 43 ans, a été assassiné hier à son domicile situé à 15 km de Kampala en Ouganda.

Les militants LGBT, ceux qui l’avaient rencontré en particulier, sont sous le choc.

Nous le savions tous, en Ouganda, les personnes LGBT sont en danger imminent de mort.

David avait lui aussi, reçu des menaces de mort ; ceux qui ont vu le film « Ouganda au nom de Dieu » savent que la situation des personnes homosexuelles est particulièrement catastrophique dans ce pays où sous l’influence des pasteurs évangélistes américains, une proposition de loi Anti-homosexualité prévoit d’aggraver la législation à l’encontre des gays et des lesbiennes, également des personnes séropositives.

La réaction internationale, en particulier de l’ONU   qui a condamné la proposition de loi homophobe, retient pour l’instant les autorités ougandaises de l’adopter.

David était l’un de ceux dont la photo avait été publiée à la Une du journal Rolling Stone. Les militants pourchassés avaient porté plainte et la justice ougandaise vient de condamner Rolling Stone et de lui interdire de publier des photographies, également des coordonnées de personnes homosexuelles.

Qu’attendent donc les Agences de presse internationales et Reporter sans Frontière pour condamner à leur tour haut et fort, de telles pratiques ?

Les ONG internationales telles que Human Rigths Watch et L’ILGA (International Lesbian and Gay Association) ont réagi au décès de David en exigeant des autorités ougandaises qu’elles protègent les personnes homosexuelles et qu’une enquête de police soit rapidement diligentée sur les circonstances de son décès.

Des députés européens dont le Comité des Droits Humains ont également publié une déclaration dans laquelle ils expriment leur émotion et demandent à l’Ouganda de décriminaliser l’homosexualité.

Plus généralement, de nombreuses associations LGBT avaient tenté d’alerter sur la situation en Ouganda où depuis la parution de leur photo, les militants se terrent. Rares sont ceux qui ont pu fuir leur pays.

Pour David, c’est hélas fini, il vient d’être lâchement assassiné et ne verra jamais son rêve d’un Ouganda libre et respectueux des personnes homosexuelles, se réaliser.

Mais il est toujours temps d’agir pour tous les autres, notamment pour de nombreux réfugiés politiques dont Brenda Naamigadde, lesbienne ougandaise réfugiée à Londres et dont l’expulsion est justement prévue demain. Brenda avait été interpellée après avoir participé à une manifestation contre l’introduction de l’Anti-Homosexuality Bill.

Nous en appelons à l’ensemble des nations et leur demandons de ne pas renvoyer dans leurs pays aucun des réfugiés qui craignent pour leur vie à raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre.

Nous leur demandons également d’agir au niveau national et international auprès des institutions concernées, telles que les ambassades, ministères des affaires étrangères, institutions européennes et auprès de l’ONU   afin que les principes de Jogjakarta [1] soient enfin, appliqués partout dans le monde.


[1] Les Principes de Jogjakarta sont une série de principes sur l’application du droit international des Droits Humains en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre pour la protection et pour l’interdiction absolue de la discrimination contre les personnes LGBT et intersexuelles selon la Déclaration universelle des droits de l’homme. Adoptés sous l’influence de Louise Arbour, Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme qui a eu le premier rôle sur l’adoption de la Déclaration de Montréal sur les Droits Humains des LGBT. Parmi les 29 signataires de ces Principes figure Mary Robinson, présidente d’Irlande puis Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et aussi le nom de Manfred Nowak et Wan Yanhai.


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Publié sur OSI Bouaké le samedi 29 janvier 2011

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