Afrique australe : la circoncision à la mode pour lutter contre le sida

Publié le 16 juillet 2010 sur OSIBouaké.org

AFP 16 Juillet 2010 - Même si son gouvernement encourage la circoncision dans le cadre de la lutte contre le sida  , le Zimbabwéen Thomas Mukone se demande bien comment expliquer à sa femme qu’à l’âge de 41 ans il a décidé de se débarrasser de son prépuce.

"Ce n’est pas facile de discuter de ces sujets. Il y a des chances qu’elle m’accuse d’infidélité", explique le quadragénaire. "Pourtant c’est un bon programme..."

Selon plusieurs études, la circoncision divise au moins par deux les risques pour les hommes de contracter le virus du sida  . L’explication viendrait du nombre plus élevé de cellules dans le prépuce que dans le reste du pénis, ce qui le rendrait plus vulnérable à une infection par le VIH  .

Le Zimbabwe, comme d’autres pays d’Afrique australe très touchés par la pandémie, a donc décidé de lancer des campagnes pour populariser la pratique et espère avoir circoncis 30.000 hommes d’ici à la fin de l’année.

L’objectif est ambitieux. Pour l’atteindre, il faudra opérer 82 hommes par jour dans des centres de santé qui peinent déjà à soigner de manière adéquate la population.

Pour l’instant, seuls 4.000 hommes, notamment des militaires, se sont prêtés à l’exercice, selon Owen Mugurungi, le directeur des programmes de prévention contre le sida  .

Grâce aux financements de donateurs internationaux, l’opération ne coûte rien aux volontaires. Sauf un gros effort psychologique.

"Dans de nombreux foyers, la question de la circoncision reste suspecte et il nous faut intensifier nos campagnes" de sensibilisation, estime M. Mugurungi.

L’Ouganda, un pionnier de la lutte contre le sida  , a lancé des campagnes de ce genre à la radio et à la télévision.

L’Afrique du Sud, qui compte le plus grand nombre de séropositifs au monde soit 5,7 millions sur 48 millions d’habitants, a mis en place un projet pilote pour offrir le coût de l’opération aux volontaires.

Une partie de sa population, les Xhosas, pratique déjà la circoncision comme rite de passage à l’âge adulte. Les garçons sont opérés dans le bush par des guérisseurs traditionnels qui, faute d’expérience et d’hygiène, provoquent des dizaines de décès par an.

L’ethnie zoulou a abandonné cette tradition il y a plus d’un siècle, mais leur roi a proposé de la réintroduire pour combattre la pandémie, à condition qu’elle soit pratiquée par des médecins expérimentés.

Au Swaziland, où le taux de prévalence atteint 26% des adultes, les premières ablations remontent à cinq ans. Depuis, certains hommes voient moins l’utilité des préservatifs, créant, de fait, un nouveau risque. Mais le petit royaume garde pour objectif la circoncision de 80% des hommes de 15-24 ans dans les quatre années à venir.

Tout aussi radical, le Botswana souhaite circoncire un demi-million d’hommes, soit un quart de sa population, d’ici 2012.

Dans cet élan régional, un pays se singularise : le Malawi, à la société très conservatrice. "Le Malawi n’est pas un pays de circoncision, donc cela ne peut pas marcher", assure Mary Shawa, directrice du programme national de lutte contre le Sida  .

Ailleurs, les panneaux publicitaires fleurissent. Au Zimbabwe, une affiche clame "la circoncision des hommes est une des meilleures défenses contre le VIH  " au dessus d’une photo de cinq footballeurs qui forment un mur devant le but.

Malgré tout, Admire Murerwa, 21 ans et vendeur de rue "continue de penser que le préservatif est un meilleur moyen de réduire les contaminations par le virus du sida  ".

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