Une nouvelle étude soutient le « traitement comme prévention » du VIH

Publié le 1er juin 2010 sur OSIBouaké.org

Nairobi, 1 juin 2010 (PLUSNEWS) - Cibler les programmes de traitement antirétroviral (ARV  ) de façon à donner la priorité aux personnes à faible immunité et à charge virale élevée pourrait être une stratégie efficace de prévention du VIH  , selon les auteurs d’une nouvelle étude publiée dans The Lancet.

Cette étude, réalisée auprès de 3 381 couples dans sept pays d’Afrique, a révélé que le risque de transmission du VIH   aux partenaires sexuels était 92 pour cent plus faible lorsque le patient suivait un traitement ARV  . Les participants infectés dont le taux de CD4 - qui permet d’évaluer la résistance du système immunitaire - était inférieur à 200 présentaient le taux de transmission du VIH   le plus élevé ; c’est pourtant dans ce groupe que le traitement ARV   a été le plus efficace pour réduire la transmission du virus.

« L’étude a révélé que le risque de transmission était plus élevé lorsque la charge virale [quantité de virus dans l’organisme] du participant était elle-même plus élevée. Une fois que les participants ont commencé à suivre un traitement ARV   et que leur charge virale a diminué, la transmission du VIH   est devenue très rare », a dit le docteur James Kiarie de l’université de Nairobi, au Kenya, co-auteur de l’étude.

« Moins de 50 pour cent des patients du monde dont le taux de CD4 est inférieur à ce seuil [200] suivent actuellement un traitement ARV   », ont noté les auteurs. « Nos données soulignent ... [que le risque de transmission] serait réduit si l’on assurait une couverture ARV   maximale des patients dont le taux de CD4 est inférieur à 200 ».

Davantage d’analyses de laboratoire

Faut-il plus ou moins d’analyses de laboratoire pour assurer l’efficacité des programmes de traitement ARV   ? Une question longuement débattue. A ce sujet, un essai clinique DART (Development of Anti-Retroviral Therapy in Africa) a révélé que les traitements ARV   pouvaient être administrés de manière sûre et efficace dans des zones reculées ou aux ressources limitées sans surveillance en laboratoire.

Toutefois, des recherches menées dans l’ouest du Kenya indiquent que la charge virale des patients devrait être plus souvent contrôlée pour empêcher que ceux-ci se voient prescrire inutilement des traitements de deuxième intention, plus coûteux.

« Oui, ces analyses de laboratoire sont onéreuses et bien souvent, elles ne sont pratiquées que dans les grands centres de santé, mais ce que nous recommandons, c’est de mettre au point des analyses moins chères, qui permettraient de contrôler la charge virale et le taux de CD4 de la même manière qu’on dépiste le VIH  , en assurant qu’elles soient proposées à aussi grande échelle que le dépistage du VIH   », a dit M. Kiarie.

Traiter pour mieux prévenir ?

Selon le docteur François Dabis de l’université Victor Segalen de Bordeaux, en France, dont le commentaire a également été publié dans The Lancet, les résultats de cette étude indiquent qu’il est nécessaire d’effectuer d’urgence davantage de recherches cliniques sur le concept de traitement du VIH   comme moyen de prévention.

« Réserver les traitements antirétroviraux aux personnes atteintes du VIH   à un stade avancé n’incite pas les populations à se soumettre au dépistage du VIH   », a-t-il estimé. « Nous ne devrions pas attendre les résultats d’autres modèles, d’autres études observationnelles, ni de l’essai en cours sur la prévention au sein des couples avant de procéder à des essais de dépistage et traitement en population générale ».

Néanmoins, des études récentes portent à croire que l’utilisation des traitements à des fins de prévention pourrait entraîner le développement de souches de VIH   résistantes aux médicaments, en particulier chez les personnes déjà infectées par le virus.

En outre, certains activistes de la lutte contre le sida   soutiennent que recommander une augmentation des traitements et de ces analyses coûteuses est irréaliste dans des milieux pauvres en ressources, où de moins en moins de fonds sont consacrés au VIH  .

« C’est bien joli de recommander davantage de traitements, plus de contrôles de la charge virale, etc., mais où va-t-on trouver l’argent ? En réalité, les gens qui suivent déjà un traitement ARV   n’ont pas accès aux examens de charge virale », a déploré James Kamau, coordinateur du Kenya Treatment Access Movement.

« Au Kenya, bon nombre de gens qui répondent aux critères des anciennes directives nationales en matière de traitement [celles-ci recommandent de commencer à suivre un traitement ARV   lorsque le taux de CD4 est inférieur à 250] n’ont déjà pas accès au traitement, alors comment voulez-vous que l’on place sous traitement les personnes dont le taux de CD4 est inférieur à 350 [comme le recommandent les nouvelles directives de l’Organisation mondiale de la santé] ? Nous avons besoin de solutions pratiques, pas de nouvelles recommandations théoriques ».

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