Un militant anti-sida fuit la Chine, ne s’y sentant plus en sécurité

Publié le 11 mai 2010 sur OSIBouaké.org

AFP , 11 Mai 2010 - Pekin - Un militant chinois engagé dans la lutte contre le sida   et la défense des malades, qui a contribué dans les années 90 à faire la lumière sur un énorme scandale de sang contaminé, a annoncé mardi avoir fui aux Etats-Unis, avec sa famille, par crainte pour sa vie.

"J’ai vécu dans la peur et si je n’avais pas eu cette peur, je ne serais pas parti. Je ne me sentais pas en sécurité", a expliqué à l’AFP Wan Yanhai, 46 ans, qui a trouvé refuge avec sa femme et sa fille chez des amis à Philadelphie.

"Il y avait énormément de pressions, des responsables du commerce et de l’industrie, de la police, des impôts, des ministères de la Propagande et de l’Education", a-t-il ajouté.

En 1994, Wan, ancien fonctionnaire du ministère de la Santé, avait monté l’organisation Aizhixing — mot dont les trois caractères veulent dire "Amour, Savoir, Action" et à consonance très proche de "sida  " en chinois — très active dans la sensibilisation au sida  .

Aizhixing a notamment contribué à faire connaître le scandale du sang contaminé du Henan, une vaste affaire de collecte et vente de sang encouragées par les autorités de cette province du centre, qui a conduit à la contamination par le virus HIV de dizaines de milliers de personnes.

La Chine estime qu’il pourrait y avoir jusqu’à 740.000 porteurs du virus dans le pays, un chiffre largement sous-estimé selon les experts.

"Aizhixing continuera sans moi", a indiqué Wan Yanhai qui espère toutefois rentrer dans son pays quand il pourra y travailler "dans de meilleures conditions".

Wan a par le passé été détenu pendant des mois. Il a aussi été pendant des années sous la surveillance quasi-constante de la police.

D’autres militants dans ce domaine ont eu maille à partir avec les autorités, comme Gao Yaojie, qui a aussi quitté la Chine pour les Etats-Unis l’an dernier.

L’un des plus célèbres est Hu Jia, engagé dans la défense des malades du sida  , de l’environnement et de la liberté d’expression. Il a été condamné en avril 2008 à trois ans et demi de prison pour tentative de subversion, pour des propos publiés sur internet et des entretiens accordés à la presse étrangère.

Hu Jia s’est vu décerner la même année, en son absence, le prix Sakharov "pour la liberté de pensée" par le Parlement européen.

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