Les lois, barrières à l’accès aux soins des malades du sida

Publié le 11 mars 2010 sur OSIBouaké.org

Vienne - Les lois peuvent être de vraies "barrières" dans l’accès aux soins pour les malades du sida   qui appartiennent à des groupes marginalisés, a dénoncé le directeur de l’Onusida  , le Malien Michel Sidibé.

"Les lois qui font d’une personne dépendante de la drogue non pas un malade mais un criminel, doivent disparaître", a déclaré à l’AFP Michel Sidibé en marge de la présentation à Vienne de la 18e conférence annuelle sur le sida  , qui se tiendra du 18 au 23 juillet dans la capitale autrichienne.

"Ces lois-là sont de vraies barrières", a-t-il ajouté, précisant qu’il ne défendait pas une légalisation des drogues ou de la prostitution, mais l’arrêt de la discrimination dont les toxicomanes, travailleurs du sexe ou homosexuels font l’objet en matière de traitement du sida  .

Le criminalisation des toxicomanes est dans certains pays un vecteur de propagation de l’épidémie de sida   : au lieu de se soigner, les malades vivent leur dépendance le plus discrètement possible, s’échangeant les seringues.

Sur 16 millions de personnes qui se droguent par injection dans le monde, quelque trois millions sont infectées par le VIH   et "à peine 4% d’entre elles ont accès à un traitement", déplore Michel Sidibé, qui dirige le Programme commun des Nations unies sur le VIH  /sida   (Onusida  ) depuis janvier 2009.

"En Europe de l’est et en Asie centrale, 70% des nouvelles infections se font dans ces groupes-là", ajoute-t-il.

A titre de comparaison, il évoque la Chine, un pays "zéro tolérance il y a dix ans", qui a adopté une position plus pragmatique : "Ils sont passés d’une politique de punition à une forme d’ouverture pour les soins, avec une meilleure collaboration entre les ministres de l’Intérieur et de la Santé".

Là où avant la majorité des nouveaux cas de VIH   apparaissaient par transfusion sanguine ou injection de drogues, la plupart des nouveaux cas chinois ont désormais pour origine des relations sexuelles non protégées.

Les pays d’Europe de l’est et d’Asie centrale, seules régions au monde où l’épidémie progresse encore fortement, "n’ont pas eu ce pragmatisme".

"C’est là que je vois l’avenir de notre combat", a-t-il insisté. "Dans plusieurs régions, on ne va pas résoudre le problème du sida   avec le ministère de la Santé. C’est soit le ministère de la Justice, soit le ministère de l’Intérieur, qui vont être les acteurs-clés du changement".

La conférence annuelle sur le sida   de juillet prochain sera l’occasion de défendre les populations limitées dans leur accès aux soins et à la prévention. "Il y a toujours eu de la crainte envers ces groupes marginaux. Au début de l’épidémie, on les a toujours pointés du doigt : c’était l’épidémie des homosexuels, l’épidémie des toxicomanes, l’épidémie des travailleurs du sexe - c’était l’épidémie des autres", rappelle Michel Sidibé.

"C’est important de dire : là où les gens se trouvent dans une situation de dépendance, il faut qu’une prise en charge soit possible", conclut Michel Sidibé, avançant les exemples de l’Allemagne, la Suisse ou les Pays-Bas, où il n’y a quasiment plus de nouveau cas de VIH   parmi les toxicomanes qui se droguent par injection.

AFP - 11 mars 2010

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