On expulse bien les médecins

Publié le 5 mars 2010 sur OSIBouaké.org

Il ne correspond pas exactement au stéréotype du sanspapiers. Et pourtant son cas est révélateur. Mounir Dehak, trente et un ans, est médecin urgentiste à Lens (Pas-de-Calais). Ou, plutôt, était, car il a dû interrompre son activité le 31 janvier. Docteur en Algérie, Mounir devait normalement valider son équivalence en France à la fin de l’année prochaine. Mais voilà, en août dernier, la préfecture refuse de renouveler son titre de séjour étudiant. Recruté en CDI par le centre hospitalier lensois qui l’employait déjà, il sollicite un nouveau titre en tant que salarié. Refusé, sous prétexte qu’il ne possédait pas le statut adéquat au moment de la signature de son contrat, à quoi s’ajoutent des résultats jugés insuffisants par la Drass aux épreuves d’équivalence. Résultat : le jeune homme installé en France depuis 2002 est « invité » avec son épouse et leur fille de sept mois à quitter le territoire français avant le 21 février prochain. Face à cette situation absurde et inhumaine, pétitions et manifestations ont été initiées par ses collègues et les syndicats. Et même si le député maire de Lens, Guy Delcourt (PS), demeure bien passif, au grand mécontentement de ses administrés, les Lensois s’émeuvent du sort de leur si utile concitoyen, de l’aveu même de la direction du centre hospitalier, qui voudrait le conserver dans ses effectifs. Cette histoire ubuesque illustre cependant bien la politique du gouvernement actuel : l’exploitation de travailleurs étrangers s’accompagne de la casse des services publics. Avec Mounir Dehak, il ferait d’une pierre deux coups.

l’Humanité, Igor Martinache, Lille (Nord)

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