Greenpeace dénonce du bois illégal congolais stocké dans le port d’Anvers

Publié le 2 mars 2010 sur OSIBouaké.org

Greenpeace - 17 février 2010 - Des militants de Greenpeace ont dénoncé dans le port d’Anvers - Belgique la présence de bois illégal en provenance des forêts tropicales anciennes en République Démocratique du Congo. La valeur des quelques 50m³ de bois stockés à Anvers est estimée à 45 000 euros. Il s’agit de bois Wengé utilisé principalement pour la fabrication d’aménagements intérieurs (parquets, escaliers, etc) et de meubles destinés au marché européen.

Ce bois a été abattu par la société Industrie de Transformation du Bois (ITB) dans la région du Lac Tumba, extrêmement riche en biodiversité, alors que son titre forestier dans cette zone a été invalidé par la récente revue légale des titres forestiers. Cette revue légale a débuté en 2002. Elle est financée par la Banque Mondiale et des bailleurs de fonds européens. Elle était destinée à remettre à plat le secteur de l’exploitation forestière en République Démocratique du Congo et améliorer sa transparence. Ces grumes ont été rachetés par INTERHOLCO, la filiale d’achat du Groupe germano-suisse Danzer. Danzer est le deuxième plus important exploitant de bois en RDC.

En dépit de dizaines de lois promulguées depuis des années, le flou et le chaos règnent toujours dans le secteur forestier en République Démocratique du Congo. Les entreprises forestières tirent partie des problèmes de gouvernance du pays pour agir en toute impunité. L’exploitation forestière en RDC ne bénéficie pas aux populations locales qui - outre le pillage de leurs essences les plus précieuses comme le Wengé, le Sapelli ou encore l’Afromosia - se voient confrontées à la destruction de leurs ressources et a l’émergence de nombreux conflits sociaux.

Les bailleurs de fonds européens, dont certains français ou allemands, doivent cesser de subventionner le secteur de l’exploitation forestière en RDC, comme c’est le cas aujourd’hui. Ils devraient plutôt subventionner un plan de zonage participatif, c’est-à-dire la mise en place d’une délimitation stricte des activités des groupes forestiers élaborée en collaboration avec la société civile congolaise et in fine subventionner la protection des forêts et pas leur exploitation.

Enfin, cette découverte de grumes illégales arrive au moment où l’Europe entre dans les derniers mois du processus d’élaboration de la Réglementation Européenne sur le bois. Pour l’heure, du bois illégal tel que le wengé découvert à Anvers peut entrer sur le marché européen sans aucun problème.

La future réglementation européenne doit imposer une traçabilité complète du bois et des produits bois entrant en Europe et mettre en place un régime de sanction pour les contrevenants. Pour l’instant, certains pays européens tergiversent et tentent de protéger les intérêts des grands groupes forestiers. La France, si elle a dans les coulisses une position plutôt ambitieuse, doit maintenant user de son influence auprès de ses partenaires européens pour l’adoption d’une loi réellement à même de stopper le commerce de bois illégal en Europe.

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