La Côte d’Ivoire dotée d’un nouveau gouvernement

Publié le 28 février 2010 sur OSIBouaké.org

Abidjan (Reuters) - par Tim Cocks - La Côte d’Ivoire s’est dotée mardi d’un nouveau gouvernement, qui comprend des membres des deux grandes formations d’opposition, étape décisive vers l’arrêt des manifestations qui ont eu lieu ces derniers jours à travers le pays pour protester contre la dissolution du précédent cabinet et de la commission électorale.

La décision prise le 12 février par le président Laurent Gbagbo de dissoudre le gouvernement et la commission a entraîné un report sine die de l’élection présidentielle, prévue depuis cinq ans déjà et qui, a priori, avait été prévue pour mars.

Le secrétaire général de la présidence, Amédée Couassi-Blé, a annoncé la composition du nouveau gouvernement au cours d’une conférence de presse mardi soir.

Le Premier ministre sortant Guillaume Soro, issu des Forces nouvelles (ex-rebelles), avait promis de composer un nouveau gouvernement d’ici ce mardi.

Nombre de portefeuilles ministériels de premier plan sont détenus par les mêmes personnes que dans le cabinet sortant. Ainsi, Charles Koffi Diby conserve les Finances, Désiré Asségnini Tagro le ministère de l’Intérieur et Michel N’Guessan Amani la Défense.

S’adressant à la presse après l’annonce du gouvernement, Guillaume Soro a indiqué que le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, opposition) de Henri Konan Bédié et le Rassemblement des républicains (RDR, opposition) du candidat à la présidence Alassane Ouattara avaient obtenu des portefeuilles dans le nouveau gouvernement.

Il a souligné que le nombre de portefeuilles avait été réduit de 32 à 27. Le PDCI et le RDR en détiendront quatre chacun, contre cinq précédemment.

"J’ai bon espoir que dans 48 heures, le gouvernement se sera mis au travail", a dit Guillaume Soro.

Ivoirité

Initialement, l’opposition avait dit ne pas vouloir participer au nouveau gouvernement.

Soro, ancien chef rebelle pendant la guerre civile des années 2002-2003, a déclaré s’attendre à ce que le gouvernement annonce d’ici jeudi la confirmation d’une nouvelle commission électorale.

"La commission électorale indépendante devrait être installée jeudi 25 (février)", a-t-il expliqué. "Nous sommes en train de sortir de la crise et nous devons encourager cette tendance".

Les partis de l’opposition se sont engagés mardi à ce que les manifestations, au cours desquelles au moins sept personnes ont été tuées, se poursuivraient jusqu’à ce que la commission siège de nouveau.

Mardi, aucune manifestation de grande ampleur n’a été signalée et le calme a régné dans l’ensemble à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire.

"Je demande à chacun de préserver la paix et le calme", a demandé Soro mardi soir.

Le président Gbagbo a dissous la commission électorale en accusant son chef, Robert Mambé, d’avoir ajouté en toute illégalité sur les listes électorales, afin de doper le score de l’opposition.

La colère populaire a grandi face aux atermoiements du régime concernant la présidentielle prévue il y a cinq ans mais sans cesse repoussée au prétexte que les listes électorales ne comporteraient pas que des Ivoiriens "de souche".

Cette question de l’"ivoirité" est au centre de la crise que connaît la Côte d’Ivoire depuis la tentative manquée de coup d’Etat contre Gbagbo en 2002, qui a débouché sur une division de facto du pays entre Nord et Sud.

Version française Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye, La Provence

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