Malgré le chaos, les malades du sida ne sont pas oubliés à Port-au-Prince

Publié le 26 janvier 2010 sur OSIBouaké.org

AFP, Port au Prince - 26 janvier 2010 - Rosena et son bébé, tous deux séropositifs, se sont présentés lundi, comme tous les mois, au centre de prise en charge des maladies infectieuses de la capitale haïtienne pour obtenir des antirétroviraux. Et comme tous les mois depuis deux ans, malgré le séisme, elle les a obtenus.

Au centre Ghiesko de Port-au-Prince, une des premières structures mondiales consacrée au sida   depuis 1982, au milieu des ruines, des cris et du chaos, l’approvisionnement des soins n’a jamais cessé.

"Ca fait vraiment plaisir, pour nous autres personnel de santé, de voir nos malades revenir malgré ce qui est arrivé", affirme Naomi Jean-Charles, une jeune infirmière qui, assise sur une petite table dans la cour, renouvelle méthodiquement les prescriptions et distribue les boîtes de cachets. Des dizaines de malades attendent, surtout des femmes et des enfants.

"Je m’attendais à ce qu’ils reviennent. On sait travailler en situation de pénurie provoquée par des cyclones ou des événements politiques", affirme pour sa part le fondateur, le docteur William Pape, qui a déménagé ses installations dans une aile du bâtiment qui ne menace pas de s’effondrer après les dégâts provoqués par la secousse du 12 janvier.

Livré en médicaments par le Fonds mondial de lutte contre le sida  , le Pepfar   (un fonds d’aide de la présidence américaine) et l’institut Mérieux, il n’a jamais été en rupture de stocks d’antirétroviraux.

"Les patients nous rendent visite chaque mois et par précaution nous leur donnons toujours pour un mois et demi de traitement pour qu’ils ne soient pas pris de court", affirme ce médecin, qui enseigne également à Cornell University aux Etats-Unis.

"Ce qui m’inquiète le plus, ce ne sont pas nos patients habituels mais cette situation d’urgence, offrir des soins à des gens qui viennent de partout avec des blessures horribles", ajoute M. Pape.

Dans la foulée du séisme, la renommée du centre de soins a attiré des centaines de blessés et pas moins de 5.000 déplacés qui se sont réfugiés sur un terrain attenant. Un hôpital militaire a été installé dans l’arrière cour, avec une unité chirurgicale, en collaboration avec le département américain de la Santé et des chirurgiens bénévoles américains.

Les 28 centres Ghiesko (Groupe Haïtien d’études sur le Sarkome de Karposi et des infections opportunistes) de l’île soignent la moitié de tous les patients haïtiens sous traitement d’antirétroviraux, soit 12.000 personnes, dont 6.000 dans la capitale. Quelque 300 personnes travaillent pour le centre à Port-au-Prince dont 18 médecins.

Après le séisme, le centre a passé des annonces radiophoniques pour rappeler aux malades que leurs traitements les attendaient dans la capitale comme en province et un système de co-voiturage a été organisé pour aller les chercher dans les quartiers.

"La guerre contre le sida  , on va la gagner. La prévalence du VIH   continue de chuter en Haïti", assure le docteur Pape.

Celle-ci a considérablement baissé en Haïti passant de 7,2% en milieu urbain dans les années 90 à 2,2% en 2009 avec moins de 150.000 personnes infectées, indique-t-il.

"Les traitements marchent", affirme Naomi l’infirmière, rappelant que des enfants nés avec le VIH   ont 30 ans aujourd’hui et viennent chercher régulièrement leurs médicaments. "C’est un exploit !", dit-elle dans un sourire.

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