Aminatou Haïdar de retour chez elle après une grève de la faim

Publié le 23 décembre 2009 sur OSIBouaké.org

Amnesty International - 18 décembre 2009

Amnesty International se réjouit du fait qu’Aminatou Haïdar, une militante des droits humains sahraouie qui a mené une grève de la faim pendant un mois à l’aéroport de Lanzarote, a pu retourner chez elle auprès de ses enfants.

Aminatou Haïdar a dit qu’un représentant du gouvernement espagnol lui avait indiqué que les autorités marocaines et espagnoles étaient parvenues à un accord, et qu’elle avait été autorisée à retourner au Sahara occidental à bord d’un vol privé. Son passeport lui a été rendu par les autorités marocaines à son arrivée.

Elle a déclaré à Amnesty International vendredi que son retour représentait une victoire pour les droits humains et la justice.

Aminatou Haïdar avait entamé une grève de la faim le 15 novembre, après son expulsion du Sahara occidental par les autorités marocaines. Elle a été hospitalisée jeudi matin en raison de la dégradation de son état de santé.

« Nous somme ravis de savoir qu’Aminatou Haïdar a finalement pu retourner chez elle et récupérer son passeport, a indiqué Philip Luther, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« Elle ne faut cependant pas que des restrictions lui soient imposées. Aminatou Haïdar et les autres défenseurs des droits humains sahraouis doivent pouvoir jouir de leur droit à la liberté d’expression sans avoir à craindre des représailles. »

L’avion qui transportait Aminatou Haïdar, sa sœur et son médecin a atterri à Laayoune aux environs de minuit jeudi. Selon certaines informations, la présence des forces de sécurité avait été nettement renforcée dans la ville, en particulier autour de la maison de la famille d’Aminatou Haïdar.

D’après l’agence de presse officielle du Maroc, la militante a été autorisée à rentrer chez elle après que des pays « amis » eurent plaidé en faveur d’une solution humanitaire. La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, s’est félicitée de la décision prise par le Maroc de permettre le retour d’Aminatou Haïdar « pour des raisons humanitaires ». Amnesty International demandait son retour sans condition depuis qu’elle était bloquée à l’aéroport de Lanzarote.

Aminatou Haïdar a été arrêtée le 13 novembre à l’aéroport de Laayoune, au Sahara occidental, alors qu’elle rentrait d’un voyage d’un mois dans plusieurs pays, notamment au États-Unis, où elle a reçu le prix du Courage civique 2009, décerné chaque année à une personne qui a fait preuve d’une « résistance inébranlable face au mal, à ses risques et périls ».

Elle a été interrogée sur les raisons pour lesquelles elle avait indiqué comme lieu de résidence « Sahara occidental » et non « Sahara marocain » sur sa carte de débarquement. On l’a également questionnée sur son voyage, ainsi que sur ses opinions et affiliations politiques.

Son passeport marocain lui a alors été confisqué et elle a été retenue à l’aéroport jusqu’au lendemain.

Aminatou Haïdar a déclaré que le 14 novembre des hauts responsables marocains avaient proposé de la libérer si elle reconnaissait publiquement la « souveraineté » du Maroc sur le Sahara occidental. Elle n’a pas accepté. Quelques heures plus tard, elle embarquait sur un vol à destination de Lanzarote, aux Canaries.

Amnesty International a écrit le 11 décembre au secrétaire général de l’ONU  , Ban Ki-moon, pour lui demander de poursuivre ses efforts en vue d’obtenir le retour d’Aminatou Haïdar au Sahara occidental sans condition et sans délai, et que ses papiers d’identité lui soient rendus.

Amnesty International a également réitéré son appel pour l’intégration d’un volet de surveillance des droits humains dans la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), déployée depuis 1991 afin de surveiller le cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario et d’organiser un référendum sur le statut de ce territoire.

L’intégration d’un volet de surveillance des droits humains dans le mandat de la MINURSO, qui doit être renouvelé en 2010, représenterait une importante avancée en matière de lutte contre les violations de ces droits au Sahara occidental.

Le Sahara occidental fait l’objet d’une querelle territoriale entre le Maroc, qui revendique sa souveraineté, et le Front Polisario, qui appelle à la création d’un État indépendant et a établi un gouvernement autoproclamé, en exil dans les camps de réfugiés du sud-ouest de l’Algérie.

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