Cambodge : premières inculpations pour génocide

Publié le 16 décembre 2009 sur OSIBouaké.org

AFP, 16 Decembre 2009

Le tribunal chargé de juger les anciens dirigeants khmers rouges vient d’inculper de génocide Ieng Sary, 84 ans, ancien ministre des Affaires étrangères du régime khmer rouge, et Nuon Chea, 83 ans, le bras droit de Pol Pot qui était alors le plus haut responsable militaire.

Cette qualification de génocide est une première puisqu’elle n’a pas été retenue dans le procès de Douch dont le verdict est attendu début 2010.

Après deux années d’enquête, et à quelques semaines de la fin de l’instruction, les juges ajoutent donc un chef d’inculpation contre Ieng Sary et Nuon Chea déjà poursuivis pour crimes contre l’humanité et violations graves des Conventions de Genève. Les magistrats relèvent le génocide pour le cas des Vietnamiens et pour le cas des Chams, qui sont des Cambodgiens de religion musulmane ayant leur propre langue.

Pour Olivier Bahougne, avocat représentant près de 250 Cham parties civiles, l’inculpation de génocide était un minimum : « Si cela n’avait pas été fait pour les Chams, l’ensemble des Cambodgiens y perdaient. Maintenant, on peut aller plus loin. » Il rappelle que les Chams, stigmatisés en tant que tels par les Khmers rouges, massacrés, ont dû changer de nom, abandonner leurs pratiques religieuses et leur langue.

Quel génocide ?

Le terme de génocide est communément utilisé pour évoquer les massacres commis par les Khmers rouges. Entre 1975 et 1979, jusqu’à 2 millions de personnes, soit un quart de la population de l’époque, sont mortes sous la torture, d’épuisement ou de malnutrition.

Mais le crime de masse ne suffit pas à qualifier un génocide, une notion que les Nations unies ne retiennent que pour des crimes « commis dans l’intention de détruire, intégralement ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Or, « ce sont des criminels khmers qui ont commis des atrocités contre la population khmère. Il est impossible de dire qu’il y avait intention de détruire les Khmers », a expliqué Lars Olsen, porte-parole du tribunal.

En revanche, le juge d’instruction semble avoir acquis la conviction que les deux accusés avaient bien pour objectif d’exterminer les Chams, les Vietnamiens du Cambodge et ceux rencontrés lors des incursions en territoire vietnamien de l’armée khmère rouge. « Je crois que le tribunal sera plus soutenu par la population avec ces inculpations de génocide, car les gens ont la sensation que c’est bien ça qui s’est passé », estime Youk Chhang, directeur du Centre de documentation du Cambodge.

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