Brouillard persistant sur les élections en Côte d’Ivoire

Publié le 5 novembre 2009 sur OSIBouaké.org

Le scrutin présidentiel ne peut matériellement se tenir à la date annoncée du 29 novembre. Car, à moins d’un mois de celui-ci, le recensement des électeurs ivoiriens n’a pu être mené à son terme. La Côte d’Ivoire accumule les retards concernant la présidentielle. Personne ne croit plus à l’échéance du 29 novembre. En fin de semaine dernière, c’était au tour de l’ex-rébellion des Forces nouvelles, s’exprimant par la voix de son chef de cabinet, Sinima Bamba, de souligner  : « À moins d’un mois des élections, la liste provisoire (en clair, le recensement des électeurs – NDLR) n’est pas publiée, ce qui rend impossible la tenue du scrutin le 29 novembre. » Le jeudi précédent, le président Laurent Gbagbo avait déjà évoqué « la réalité du terrain », pour annoncer que cette date pour le premier tour « sera dépassée ». Laurent Dona Fologo, président du Conseil économique et social, assurait  : « Si on veut une liste transparente, solide, il ne sera pas possible de tenir le 29 novembre… » De fait, un décret fixe un délai d’au moins trente jours entre la publication de la liste provisoire et le scrutin. Ce report doit-il se calculer en semaines ou en mois  ? On espère qu’il sera le plus bref possible. Mais de nombreux faits antérieurs n’incitent pas à la crédulité  : le 1er octobre dernier, le premier ministre issu de la rébellion, Guillaume Soro, assurait avoir reçu la liste des mains du groupe français Sagem, chargé, avec l’Institut national de la statistique, de son contrôle et de sa certification. Visiblement, il n’en était rien… Par ailleurs, un rapport de l’ONU   évoque une possible reprise des violences, mettant l’accent sur la création d’une énième milice cet été par des proches de l’ancien président, Henri Konan Bédié, désireux de retrouver le pouvoir. Également sur la reprise des trafics d’armes, en particulier dans le Nord, toujours aux mains des seigneurs de la guerre formant l’ossature des Forces nouvelles. Ceux-ci ont construit de véritables « commandements politico-militaires qui se disputent le contrôle des ressources naturelles ». Et qui, depuis le début de la crise en 2002, ont eu tout le temps nécessaire pour se forger de solides appuis et clientèles à l’extérieur.

Jean Chatain L’humanité, 4 novembre 2009

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