L’Angola, la RDC et la République du Congo expulsent leurs clandestins

Publié le 4 octobre 2009 sur OSIBouaké.org

Afrik.com - 30 septembre 2009, par René Dassié

Plusieurs milliers de Congolais ont été chassés d’Angola depuis le début de l’année. La République du Congo expulse également des ressortissants de la RDC. Kinshasa a décidé de riposter en organisant le rapatriement des Angolais sans papiers. L’Onu   pointe du doigt les multiples cas de violation des droits de l’homme qui émaillent ces opérations.

Leurs noms de baptême rappellent davantage la lutte contre de dangereux microbes qu’une opération d’éloignement de personnes indésirables. Luanda, la capitale angolaise, a nommé « nettoyage » l’opération à travers laquelle elle expulse de son territoire, les ressortissants sans papiers des deux Congo. Brazzaville appelle « stérilisation » la campagne d’éloignement de son sol commencée début septembre, des Congolais de l’autre rive du fleuve Congo. Toutefois, bien que ses citoyens soient les principales victimes de ces opérations, la RDC a, dans sa riposte, utilisé le terme plus diplomatique de « réciprocité ».

L’Angola, la République du Congo et la République démocratique du Congo (RDC), trois pays de l’Afrique centrale, ont l’habitude de saturer l’actualité internationale par les guerres et crises politiques qui les déciment de l’intérieur. Ils viennent ainsi de découvrir un nouveau moyen de conserver les premières places du hit parades des mauvaises nouvelles venant d’Afrique.

C’est l’Angola qui a commencé

C’est visiblement l’Angola du président Edouardo Dos Santos, au pouvoir depuis trente ans, qui a donné le coup d’envoi de ce match à trois, dès l’année 2004. Selon Syfia.info, soucieux de reprendre en main l’exploitation du diamant des provinces du nord autrefois contrôlés par les rebelles de l’UNITA, le gouvernement chasse manu militari de son territoire plusieurs milliers de Congolais. La plupart d’entre eux traverseront la frontière à pied.

Même méthode, même résultats. L’opération « nettoyage » lancée par Luanda en janvier dernier mise sur la même stratégie de surprise et de brutalité. Les forces de sécurité ciblent les endroits à forte densité d’immigrés clandestins, tels que les marchés. Puis ils organisent des descentes musclés, ce qui leur permet de faire rapidement du chiffre. Selon l’Onu  , plus de 15 000 congolais ont été forcés de quitter l’Angola depuis le début de l’année.

La République du Congo veut « stériliser » son sol de la présence des clandestins

L’opération dite de « stérilisation » menée par la République du Congo contre les ressortissants de son voisin, la RDC, n’est sans doute pas aussi performante. Elle n’en fait pas moins parler d’elle. Début septembre, 600 personnes ont été « stérilisées » vers Kinshasa. Dans un premier temps, le président de la RDC, Joseph Kabila, a hésité à riposter, évoquant la nécessité de préserver les relations de bon voisinage. Mais face à l’arrivée massive de ses concitoyens chassés d’Angola, il a décidé d’agir. La semaine dernière, il a instruit la Direction générale congolaise des migrations (DGM) d’expulser les Angolais en situation irrégulière, au nom du principe de la réciprocité. Les Congolais de Brazzaville, eux, ont échappé à cette décision à la faveur d’un moratoire de trois mois signé avec leur pays. La DGM a commencé regrouper les Angolais sans papiers par groupes de 30 ou 50, pour les renvoyer chez eux.

L’Onu   dénonce de multiples cas de violation des droits de l’homme

Les expulsés intra-africains n’ont pas la même chance que les victimes du durcissement des politiques migratoires occidentales. Ils ne prennent pas l’avion. L’Onu   s’est ainsi inquiétée des conditions d’éloignement des Congolais d’Angola. Certains ont dû parcourir plus de 1000 km à pieds pour rejoindre leurs villages, dans la province du Kassaï orientale. Plusieurs dizaines d’autres sont morts, étouffés dans les camions dans lesquels on les avait entassés.

Des Ong ont également signalé des milliers de cas de diarrhée et d’autres pathologies liées aux conditions de détention. Plusieurs cas de viols et de violence physique ont également été signalés. « Ces violences sont attribuées aux forces de sécurité angolaises et congolaises postées le long des frontières entre les deux pays », a déclaré Alan Doss, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC, sur Radio Okapi.

L’Onu   a exhorté Kinshasa et Luanda à trouver ensemble des solutions, pour éviter une nouvelle catastrophe humanitaire liées aux expulsions de personnes en situation irrégulière.

imprimer

retour au site