RD Congo : Les enfants rejoignaient la milice pour se venger de meurtres

Publié le 17 juin 2009 sur OSIBouaké.org

12 Juin 2009 Institute for War and Peace Reporting (IWPR) par Rachel Irwin à La Haye (AR No. 217, 12-June-09)

Cette semaine, un témoin a expliqué aux Procureurs de la Cour pénale internationale que les enfants avaient rejoint la milice de Thomas Lubanga pour se venger des meurtres de membres de leurs familles ou d’amis.

"Ils venaient tout juste de quitter leurs maisons," a expliqué le témoin non identifié, décrit comme un ancien enfant soldat au sein de l’Union des patriotes congolais, UPC, qui entraînait aussi des jeunes recrues.

"Beaucoup avaient perdu leurs parents [dans des attaques contre leurs villages] ... et rejoint l’armée pour se venger."

Le témoin a indiqué qu’il avait entraîné des enfants d’à peine 14 ans à utiliser des armes au centre d’entraînement de l’UPC dans le village de Mandro, à quelques 20 kilomètres de Bunia, en Ituri.

Un grand nombre de ces jeunes enfants soldats fabriquaient eux-mêmes leurs jouets et jouaient aux billes quand ils n’apprenaient pas le maniement des armes, a-t-il précisé.

"Il étaient toujours par terre en train de jouer à des petits jeux," a indiqué le témoin. "On pouvait voir que c’était des enfants."

Lubanga est accusé du recrutement, de la conscription et de l’utilisation d’enfants soldats, définis comme combattants de moins de quinze ans, dans les conflits ethniques qui ont fait rage dans la région de l’Ituri, en République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003.

Les jeunes soldats en formation comptaient des filles comme des garçons, a expliqué le témoin.

"Je n’ai pas vu de grandes filles au [camp d’entraînement] de Mandro, uniquement des petites filles," a-t-il expliqué. "C’était ces petites filles qui faisaient la cuisine pour tout le monde."

Le témoin a indiqué qu’il savait que les filles étaient jeunes parce qu’elles aimaient faire des nattes avec de longs brins d’herbe. "Une personne qui fait cela est quelqu’un qui n’a pas encore atteint l’âge adulte," a-t-il expliqué.

Lorsque le Procureur Manoj Sachdeva lui a demandé d’expliquer comment il pouvait déterminer l’age des filles, le témoin a répondu qu’il était lui-même père.

"Lorsque vous êtes père et un homme d’expérience, il vous est possible de déterminer l’âge de quelqu’un en fonction de son apparence, de son comportement et de ses actes ", a-t-il répondu. "À mon avis, il n’y avait aucune fille de plus de 17 ans ".

Le témoin a également indiqué qu’il avait assisté à un discours de Lubanga destiné à renforcer le moral des recrues au camp de Mandro, où il avait juré qu’il allait transformer la RDC.

"[Lubanga] a simplement demandé aux hommes de rester calmes, et a dit que [l’Union des Patriotes congolais] voulait la paix et que nous allions reconstruire notre pays," a-t-il dit. "Qui serait un pays nouveau et jeune."

Les enfants du camp avaient également assisté au discours de Lubanga, comme l’a précisé le témoin, et ils chantaient des chansons en Swahili pour élever les esprits et se préparer au combat.

Cependant, Lubanga n’était pas directement impliqué dans les opérations militaires, selon lui.

"Le président n’avait aucun rôle dans les opérations parce qu’il n’était pas soldat," a déclaré le témoin. "Il restait dans sa résidence en attendant les rapports [de ses principaux officiers]."

Quand Sachdeva a abordé la question, le témoin a répété que Lubanga n’était pas un "militaire."

"Il n’était pas présent lors des échanges de tirs entre soldats," a-t-il dit.

Rachel Irwin est reporter auprès de l’IWPR à La Haye. Ses comptes-rendus quotidiens sur le procès Lubanga sont disponibles sur le site lubangatrial.org

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