Côte d’Ivoire : Violations de l’embargo sur les armes et retards dans les élections

Publié le 21 avril 2009 sur OSIBouaké.org

RFI , le 21/04/2009

Les experts onusiens s’inquiètent du risque de reprise des violences en Côte d’Ivoire en raison du fait que certains acteurs de la crise se réarment et en raison aussi de la présence de milices qui contrôlent les ressources naturelles et continuent d’extorquer la population, notamment au Nord. Les experts de l’ONU  , chargés de surveiller l’embargo, recommandent de renforcer la surveillance des divers trafics qui touchent la Côte d’Ivoire et demandent aux différents Etats de respecter ce blocus sur les armes imposé depuis 2004. Le secrétaire général de l’ONU   a considéré qu’un essoufflement du processus de paix et un nouveau report des élections ivoiriennes pourront avoir des effets néfastes. Un calme trompeur règne en Côte d’Ivoire. C’est en résumé le constat dressé par le groupe d’experts onusien dans cette lettre adressée au président du Conseil de sécurité. Le groupe d’experts estime que si la situation demeure relativement calme, il ne faut pas y voir pour autant un signe de progrès vers un règlement pacifique de la crise. Car il existe plusieurs phénomènes inquiétants. D’abord, le groupe dit avoir des preuves de violations de l’embargo sur les armes, il souligne aussi nombre d’entraves dans ses enquêtes et vérifications des stocks et dépôts au Nord comme au Sud. « Malgré l’embargo, souligne le groupe d’experts, les parties demeurent assez lourdement armées et certaines se réarment ».

Autre signe d’inquiétude : le groupe note que dans le nord du pays des milices quasi privées contrôlent les ressources naturelles et continuent d’extorquer les entreprises locales et les populations civiles. Le groupe relève d’ailleurs que les commandants de zone se disputent parfois violemment le contrôle des taxes et du commerce. Enfin, le groupe d’experts des Nations unies estime à plusieurs milliards de francs CFA les taxes récoltées par les Forces nouvelles dans le nord du pays, s’interrogeant sur l’utilisation finale de ces fonds. Pour ce groupe d’experts, si la situation en Côte d’Ivoire venait à se détériorer, menaçant certains intérêts économiques, il n’est pas à exclure une escalade rapide de la violence armée, surtout dans le nord du pays.

La partie nord de la Côte d’Ivoire est contrôlée par les ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) depuis le coup d’Etat manqué de septembre 2002 contre le président Laurent Gbagbo. En mars 2007, les FN et le camp présidentiel ont conclu un accord de paix, complété fin 2008, qui prévoit la réunification du pays et l’organisation d’élections libres et transparentes.

Face aux retards qui se prolongent dans l’application de cet accord, le secrétaire général de l’ONU   Ban Ki-moon a adressé, lundi, un rapport au Conseil de sécurité dans lequel il estime qu’il faut redonner un « nouvel élan au processus électoral » en Côte d’Ivoire. Il a ainsi appelé la Commission électorale indépendante à publier « sans plus tarder » un calendrier « réaliste » pour que les élections puissent se dérouler « avant la fin de cette année ». Ces élections étaient initialement prévues pour 2005, mais ont été successivement reportées.

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