Réduire la pauvreté en développant les opportunités locales

Publié le 31 mars 2009 sur OSIBouaké.org

Marina Litvinsky IPS - Inter Press Service (Afrique du Sud) 11-03-2009

Mercredi dernier la Banque mondiale a publié une étude sur la pauvreté. Originalité : elle se base sur des récits de personnes concernées, comment elles sont entrées dans la pauvreté et comment elles en sont sorties. Une des solutions est d’améliorer les conditions économiques, sociales et politiques au sein des collectivités locales.

Sortir de la pauvreté : un succès de bas en haut, c’est le titre de la plus récente et la plus vaste étude sur les attitudes à l’égard de la pauvreté. L’étude, publiée par la Banque mondiale, décortique non seulement la pauvreté dans le monde mais offre également une recherche comparative qui analyse la mobilité sociale des personnes vivant dans la pauvreté.

En pleine crise financière, il nous faut comprendre la dynamique de la pauvreté en appliquant une meilleure écoute de ce que les pauvres eux-mêmes ont à nous dire, explique Danny Leipziger, vice-président de la Banque mondiale en charge de la réduction de la pauvreté. Leurs histoires nous montrent comment il est possible de sortir de la pauvreté, en particulier quand ils s’appuient sur des possibilités locales. A travers ces exemples, on se rend compte qu’il est très facile et très rapide de devenir pauvre ou d’en sortir.

L’étude se base sur les récits de 60.000 personnes, des femmes pauvres ou anciennement pauvres, des hommes et des jeunes issus de plus de 500 communautés de 21 régions vivant dans 15 pays d’Afrique, d’Asie du Sud, d’Asie de l’Est et d’Amérique latine. Les principaux outils utilisés dans l’étude sont des récits de vie, une échelle de la vie, des discussions de groupe sur divers sujets, des interviews de ménages via des questionnaires. L’échelle de la vie a été élaborée dans le but de mettre en place pour chaque communauté sa propre définition de la pauvreté et de la richesse et de déterminer qui est comptabilisé parmi la communauté comme pauvres.

Différents types de pauvres

L’étude a été menée pour comprendre en profondeur les processus par lesquels les gens arrivent à sortir de la pauvreté ou à y plonger. L’étude a défini quatre catégories de mobilité : les déménageurs, les ménages qui étaient pauvres en 1995 mais qui en sont sortis en 2005 ; les pauvres chroniques, les ménages qui étaient pauvres en 1995 et qui le sont restés en 2005 ; les jamais pauvres, les ménages qui n’étaient pas pauvres en 1995 et qui ne le sont pas devenus en 2005 ; et les chuteurs, les ménages qui n’étaient pas pauvres en 1995, mais qui sont tombés dans la pauvreté en 2005.

Une des principales conclusions de l’étude est que l’égalité des chances reste un rêve pour beaucoup de gens. L’étude suggère également que l’action collective aide les populations pauvres à faire face à des difficultés mais ne leur permet pas de sortir de la situation précaire. Bien que la mise en commun de leur force de travail et de leurs compétences puisse offrir aux pauvres un moyen de survivre, le bénéfice réel de cette action collective profite surtout à la société. Travailler ensemble favorise un sentiment de citoyenneté essentielle pour le fonctionnement, la stabilité et la cohésion des sociétés démocratiques. Bien que le microcrédit aide les pauvres à subsister au quotidien et sortir un jour de la pauvreté, des prêts plus importants sont nécessaires pour que les pauvres puissent développer leurs activités de production et ainsi augmenter leurs avoirs.

Des solutions locales

La recherche démystifie certains mythes et préjugés sur les pauvres, que beaucoup considèrent comme des personnes passives et sans ambition. Les chercheurs soulignent au contraire que tous les groupes ont marqué un intérêt pour l’effort individuel, l’autonomie et l’initiative.

L’étude a conclu que l’objectif de réduction de la pauvreté peut être atteint en développant les conditions économiques, sociales et politiques dans les collectivités locales où vivent les pauvres. Ces opportunités locales incluent le transfert du savoir-faire, l’accès de base à la santé et à l’éducation et l’amélioration de la gouvernance locale.

imprimer

retour au site