L’adoption est-elle « la forme la plus pure de maternité » ?!

Publié le 16 avril 2009 sur OSIBouaké.org

OSI Bouaké, Paris, le 7 mars 2009 - par SD

Dans la catégorie des clichés les plus absurdes enfilés comme des perles sur tous les sujets à propos desquels elle est interrogée, la femme du président français nous sert cette semaine ces réflexions très personnelles sur la lutte contre le sida   au Burkina « expliquant à quel point ce combat pour la santé s’avère "un investissement pour l’équilibre Nord-Sud" ». Mais inutile au lecteur d’OSI Bouaké de se ruer sur le Figaro Madame, car la lutte contre le sida   occupe en réalité 3 lignes dans cette interview people. Cela s’appelle une caution morale... Mais plus loin, nous avons droit à une question "plus personnelle" qui donne lieu à une série d’absurdités qui nous interrogent. Je cite le journal :

Pour poursuivre avec des considérations plus intimes, est-ce le temps d’un second enfant ?

CBS : J’aimerais bien, mais je ne sais pas si mon âge me le permettra. Si ce n’est pas possible biologiquement, j’en adopterai un. Je ne suis pas obsédée par le lien du sang. Je pense qu’on peut tisser des grands liens sans cela. Oui, j’en suis sûre, on peut même avoir le même sang et ne pas avoir de liens. Si on m’avait déposé mon fils Aurélien dans un panier devant la porte comme dans les contes de fées, je l’aimerais de la même manière. Être la maman de quelqu’un, c’est tous les jours, pas seulement les neuf premiers mois, et cela dure toute la vie. En cela l’adoption est peut-être la forme la plus pure de la maternité. Donc j’adorerais avoir un enfant mais je ne vais pas me battre contre la nature. En même temps, comme j’en ai déjà un, et mon mari, trois, on ne peut pas dire que nous soyons dans la nécessité d’enfants…

Mon propos n’est pas de commenter cette succession d’idées reçues et absurdes exposées en quelques phrases. Je ne reviendrais pas sur l’adoption justifiée par une éventuelle "nécessité d’enfants". Je vais de plus m’abstenir de relever l’image tout droit sortie des contes de fées pour représenter l’adoption... En temps que professionnelle intervenant dans ce champ, je trouve cela tout simplement désastreux.

L’idée que le couple présidentiel se prenne pour les "bradangelina" alimente simplement leur pipolisation chronique... Mais je ne peux m’empêcher d’être interpellée par cette phrase mystérieuse : « l’adoption est peut-être la forme la plus pure de la maternité ». Et de me demander de quoi est-il question exactement ? D’où vient cette idée de pureté appliquée à la parentalité ? Est-ce une allusion au fait qu’il s’agit d’un lien de filiation dissocié de la sexualité ?!!

En réalité, il n’y a sans doute rien à comprendre, c’est peut-être juste une idiotie supplémentaire sur la parentalité de la part de quelqu’un qui n’est certainement pas à cela prêt. Reste un arrière-goût détestable laissé par la notion de pureté, référence explicite à une idéologie aux relents effrayants. Et a minima, wikipédia nous apprend qu’en physique, « la pureté est la propriété d’un objet de ne pas contenir de corps ou d’élément étranger. »

Les personnes qui aspirent à une forme ou une autre de pureté m’ont toujours fait un peu peur...

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