Parents sans papiers, enfants en souffrance. Les professionnels des CMP et intersecteurs alertent.

Publié le 14 février 2009 sur OSIBouaké.org

Janvier 2009

Des professionnels des services publics de Psychiatrie Infanto-Juvénile, ainsi que d’autres professionnels de l’enfance, inquiets de la situation actuelle des enfants de parents sans papiers, alertent :

1. Sur la difficulté grandissante d’accès aux soins :

• Le risque d’une remise en question de l’acceptation de l’Aide Médicale d’Etat augmente pour les étrangers sans papiers.

• La peur d’être appréhendé dans les lieux de soins et sur les trajets fait obstacle à la demande et à la continuité des soins.

2. Sur les répercussions graves pour les enfants et leurs familles :

• Ces enfants vivent souvent dans une perpétuelle insécurité matérielle (déménagements multiples, hébergement précaire) et psychique : la menace d’une rupture des liens affectifs et sociaux est toujours imminente par rapport à leur environnement. Lorsqu’un des parents est renvoyé dans son pays d’origine, les répercussions sont graves sur la dynamique familiale et sur le développement de l’enfant.

• Les souffrances psychiques des parents ont un impact sur la construction des enfants : dépression maternelle, dévalorisation de la place parentale, culpabilité, etc...

• Certaines manifestations et signes de souffrance apparaissent plus fréquents chez les enfants pris dans cette problématique : réactivation des traumatismes antérieurs, préoccupation constante autour de la famille et de son devenir, hypermaturité avec absence de jeu, manifestations à expression somatique, agitation, échec scolaire.

• Les familles et leurs enfants ayant fui des persécutions dans leur pays d’origine, paraissent tant qu’elles sont sans papiers, suspendues dans un entre-deux, ce qui ajoute à la problématique de la migration, celle encore plus complexe de l’exil.

• Les pathologies psychiatriques, présentées par certains enfants de parents sans papiers, s’aggravent avec le renvoi dans le pays d’origine au prétexte qu’il existe des soins, alors même qu’ils sont insuffisants ou inexistants.

• La prise en charge des mineurs isolés est difficile.

• La présence de certains enfants avec leurs parents dans les centres de rétention pose de nombreux problèmes éthiques, en particulier la privation de liberté de ceux-ci.

3. Nous nous inquiétons également de l’effet traumatique sur l’environnement proche des familles expulsées ou menacées de l’être.

Nous sommes, dans notre pratique quotidienne, confrontés à de nombreuses situations cliniques où les droits fondamentaux de l’enfant, tels qu’ils sont rédigés par la convention internationale des droits de l’enfant et par le défenseur des enfants, sont bafoués : droit d’être soigné, droit de vivre en famille, droit d’être protégé. Comment continuer d’exercer nos missions de prévention et de soin dans ce contexte ? L’éthique de nos professions nous impose de nous engager sur cette question.

Nous souhaitons que le respect de tous les enfants vivant sur le territoire français reste une priorité pour la nation.

Associations signataires : * Association Française des Magistrats de la Jeunesse et de la Famille (AFMJF) * Association Nationale des Assistants de Service social (ANAS) * Association des Psychiatres d’Intersecteurs (API) * Association des Psychologues Freudiens (APF) * Réseau Education Sans Frontières Paris (RESF) * Syndicat National des Médecins de Protection Maternelle et Infantile (SNMPMI)

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