Act Up accuse Aides de cautionner le bareback

Publié le 20 décembre 2008 sur OSIBouaké.org

10 décembre 2008 sur e-llico.com

L’association de lutte contre le sida   Act Up [1] voit d’un mauvais oeil la mise en place d’ateliers “santé bareback” dans les locaux de Aides à Paris et demande à sa consoeur de se “positionner” par rapport à cette initiative conduite par un de ses salariés. Jeudi dernier a été lancé le premier atelier sur le thème “santé et sexualité des barebackers” dans les locaux de Aides-Paris. Ces ateliers, baptisés “NoKpote” se présentent comme “un groupe d’échanges communautaires en auto support sur la santé et la sexualité de gays ayant volontairement, systématiquement ou pas des pratiques sans latex”, proposé et animé par des barebackers “pour des barebackers et ceux qui font le choix d’avoir des relations sexuelles non protégées”. Ils affirment vouloir apporter “une nouvelle offre de santé au sein de la communauté homosexuelle”. Ces ateliers ont fait l’objet d’une information publique par le biais d’affiches, de tracts et de communiqués dans certains établissements et médias gays (dont e-llico.com).”Qu’il y ait dans notre communauté des personnes qui refusent le préservatif, et qui en même temps souhaitent prendre soin d’elles et échanger sous forme d’atelier, après tout, dans ce format, cela pourrait se tenir, explique Act Up, mais que ces mêmes ateliers soient animés par un membre d’une grande association de lutte contre le sida   telle que Aides, et qu’ils soient organisés dans les locaux de la même association, cela nous inquiète et nous pose réellement question”. Act Up met notamment en cause le vocabulaire utilisé qui ne serait pas “anodin” : “Bareback, Nokpote sont associés sans complexe à d’autres vocables comme Désir, Maxi-plaisir, comme si l’utilisation du préservatif ne pouvait être compatible à toute notion de sensualité ou de plaisir sexuel”.L’association considère comme “hypocrite” et “incompatible” d’associer les notions de “santé” et “bareback”. “La mise en place de tels ateliers sert un discours complaisant, voire prosélyte à l’égard du sexe à risque”, affirment Marjolaine Dégremont et Emmanuel Château de l’équipe dirigeante d’Act Up qui met aussi en cause l’hébergement de ces ateliers par Aides, “une caution” à ses yeux. Et ce d’autant plus que l’initiative et l’organisation émanent d’un salarié de l’association. Act Up qui a toujours fait de la promotion du préservatif un principe intangible, au risque de se faire taxer “d’intégrisme” sur la question, demande aujourd’hui aux responsables de Aides - son président et le directeur d’Aides-Paris - de “clarifier leurs positions quant à ces ateliers” dans un courrier rendu public hier. Ce début de polémique na va pas manquer de raviver le clivage qui existe au sein des acteurs de la lutte contre le sida   entre les partisans du pragmatisme en matière de prévention dont se réclament notamment Aides ou Warning et les tenants d’une “ligne dure”, incarnée par Act Up mais aussi le Sneg. Les premiers estiment que le relâchement croissant de la prévention signe les limites du discours “tout capote” et qu’il convient d’explorer toutes formes possibles d’initiatives conduisant à réduire les risques tandis que les seconds imputent au contraire à cette stratégie une déculpabilisation face au sexe unsafe.

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[1] le communiqué d’Act Up