Les enfants toujours à la traîne dans la lutte contre le sida

Publié le 7 août 2008 sur OSIBouaké.org

Mexico - Les enfants, longtemps laissés pour compte dans la lutte contre le sida  , manquent aujourd’hui encore de tests de détection et de traitements adaptés, ont souligné nombre de de participants à la Conférence internationale sur le sida   de Mexico, qui s’achève vendredi.

Les chiffres fournis pour 2007 par l’Onusida   sont sans appel :

  • 2 millions d’enfants sont infectés par le virus (1,6 million en 2001), dont près de 90% vivent en Afrique subsaharienne.
  • 370.000 enfants de moins de 15 ans sont nouvellement infectés (450.000 en 2002), dont 90% par transmission de la mère à l’enfant.
  • 270.000 enfants sont décédés.

Ce qui n’a pas empêché le laboratoire Bristol-Meyers Squibb, au grand dam des associations, d’annoncer en mars qu’il cesserait fin 2008 la commercialisation de gélules d’Efavirenz particulièrement bien adaptées à l’usage pédiatrique, du fait d’un faible volume de prescription.

La grande majorité des mères n’ont pas accès aux méthodes très efficaces de prévention de la transmission mère-enfant : sur 100 mères séropositives, 30 à 40 donnent naissance à des enfants infectés, selon les experts.

Et sans traitement, "la moitié des enfants nés avec le VIH   mourront avant d’atteindre l’âge de deux ans", souligne le Dr Fernando Parreno, pédiatre pour Médecins sans frontières au Zimbabwe.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS  ) vient d’imposer de traiter les bébés le plus tôt possible, et donc de les dépister rapidement. Problème : les tests sont "compliqués et chers", disent les ONG, qui demandent des "tests rapides".

Quant aux traitements, les grands laboratoires ont eu du mal à s’y intéresser. "C’est le nord qui paie les recherches, et les pays du nord n’ont pas d’enfants séropositifs", explique Benjamin Coriat, chercheur en économie de la santé.

Faute de médicaments adaptés, on coupait en 2 ou 3 les médicaments pour adultes pour les donner aux enfants, comme le rappelle l’ancien ministre français Philippe Douste-Blazy, président d’Unitaid  , un groupement spécialisé dans la fourniture de traitements pédiatriques.

Les militants du Fonds Clinton offraient dans les campagnes des coupe-pilules pour faciliter l’opération.

Aujourd’hui, il existe un sirop sur le marché -très amer- et quelques trithérapies sous forme de pilule unique -qui conviennent seulement à un certain type d’enfants. De nouvelles formules devraient bientôt être disponibles.

Au plan financier, chacun reconnaît qu’Unitaid   a joué un rôle non négligeable en faisant qu’en deux ans le nombre d’enfants traités passe de 75.000 à près de 200.000. M. Douste-Blazy a annoncé à Mexico son intention d’en mettre sous traitements 100.000 de plus par an d’ici 2010.

En ce qui concerne l’accompagnement, essentiel pour les enfants, les stratégies divergent. Le réseau américain JLICA défend le "transfert de revenu", autrement dit une aide financière directe aux familles, sans passer par les ONG et leurs "consultants".

Car, dit Jim Kim, même si les médicaments sont gratuits, "le prix du ticket de bus empêche les plus pauvres des pauvres d’emmener leurs enfants aux centres de santé".

"Ils ont réinventé les allocations familiales", grommelle David Goetghebuer, conseiller au programme Enfants-Sida   de MSF  , qui défend quant à lui un suivi en collaboration avec les communautés locales.

Il reste encore, pour les enfants comme pour les adultes, à vaincre la stigmatisation et la discrimination.

Dans la revue Llavecitas, réalisée par des enfants touchés par le sida   en Amérique centrale, Angelical, une petite fille de 10 ans, confie : "Je ne veux pas dire que je souffre de +ça+ parce que les gens vont moins m’aimer".

AFP / 07 août 2008

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