Sida : d’anciens pays soviétiques à la veille d’une "véritable épidémie"

Publié le 7 août 2008 sur OSIBouaké.org

Mexico - Certains des anciens pays de l’Union soviétique sont à la veille d’une "véritable épidémie" de VIH  /sida  , la maladie gagnant chez les toxicomanes, les travailleurs du sexe et les homosexuels, selon des experts intervenus mercredi devant la Conférence internationale sur le sida   de Mexico.

Michel Kazatchkine, directeur du Fonds global de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, s’est déclaré "extrêmement inquiet devant l’épidémie dans la région".

Selon lui, les spécialistes craignent que cette épidémie rampante dans certains groupes ne s’étende dans l’ensemble de la population.

En 2007, 110.000 personnes ont été infectées par le VIH   en Europe orientale et centrale, et 58.000 personnes en sont mortes. Le nombre de personnes atteintes est d’environ 1,5 million, selon l’Onusida  .

L’immense majorité des personnes atteintes (90%) vivent en Russie (69%) ou en Ukraine (29%), et la majorité sont des toxicomanes par injection, des travailleurs du sexe et leurs partenaires.

Selon certains intervenants, la stigmatisation et l’homophobie, qui facilitent la propagation du virus, sont très présentes. Les programmes d’échange de seringues commencent à peine.

Selon l’Onusida  , moins d’une personne sur quatre qui auraient besoin du traitement y ont accès en Europe et l’est et en Asie centrale.

L’argent et le soutien politique manquent. Plus de la moitié des pays de la région ont des politiques ou des règlementations qui font obstacle au traitement et à la prévention.

"Une partie du travail que nous faisons est contraire aux lois et aux pratiques de nos pays", note Farida Tishkova, de l’Institut scientifique et de recherche tadjik pour la médecine préventive.

Selon une travailleuse sociale ukrainienne, Anna Koshikova, qui travaille pour le réseau ukrainien des gens vivant avec le VIH  , le virus aurait commencé à se répandre dans la population hétérosexuelle générale au cours de la dernière année, dans des populations vulnérables. La stigmatisation est répandue dans les campagnes.

"Dans un village, quand on apprend que quelqu’un est séropositif, la vie lui devient très difficile, quasi impossible. Ses enfants ne peuvent plus fréquenter l’école, il peut y avoir des violences physiques, et parfois ils ne vont pas chercher d’aide médicale parce qu’ils ont peur de révéler leur séropositivité".

Actuellement 8000 personnes en Ukraine reçoivent un traitement, mais il y a des problèmes avec les antirétroviraux importés, qui sont en-dessous des normes et manquent d’ingrédients actifs pour réduire la présence du virus", dit-elle.

"Il y a un très haut degré de corruption au gouvernement, et un manque de transparence dans la fourniture des médicaments. C’est un problème énorme".

Selon l’Onusida  , la prévalence moyenne du virus dans la région était de 0,8% parmi les 15-49 ans en 2007 dans la région incluant l’ancienne URSS, la Bulgarie, la Roumanie, et les anciens états yougoslaves de la Croatie et de la Bosnie, soit deux fois plus qu’en 2001.

Elle était entre 0,1 et 0,2% dans le Caucase et l’Asie centrale, de 1 à 1,5% en Russie et de 1,5 à 2% en Ukraine.

En Asie centrale, c’est l’Ouzbekistan qui a le plus haut taux d’infection en Asie centrale, mais il augmente aussi en Azerbaïdjan, en Géorgie, au Kazakhstan, au Kyrgyzstan, en Moldavie et au Tadjikistan, selon l’Onusida  .

AFP / 07 août 2008

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