Avec ou sans papiers, les enfants ont des droits !

Publié le 11 novembre 2007 sur OSIBouaké.org

Par la loi du 9 avril 1996, « le 20 novembre, jour anniversaire de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies de la Convention internationale des droits de l’enfant est reconnu journée nationale des droits de l’enfant ».

Une journée nationale pour faire des bilans, alerter l’opinion, mobiliser les énergies poser la première pierre de vastes chantiers, et proclamer, unanimes pour une fois, « Plus jamais ça ! ».

Les droits de l’enfant affirment de magnifiques principes : l’égalité des chances, le droit d’être nourri, d’être soigné, le droit de vivre en famille, d’être protégé , le droit à l’éducation, le droit de s’exprimer et de participer aux actions qui le concernent. Et d’autres encore.

Déclarations et manifestations, ne manqueront pas, au cours desquelles on pointera les avancées dans la reconnaissance des droits de l’enfant et les progrès à accomplir. C’est sans doute ce que fera Rama Yade, secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, présente en tant que marraine de cette célébration à la mairie d’Asnières (92), commune où vivaient depuis huit ans Monsieur Haddaoui, sa femme et leurs trois enfants (12 ans, 7 ans et 8 mois). M. Haddaoui, débouté de régularisation en 2006, retenu dans la prison pour étrangers de Plaisir, est menacé d’expulsion. Ses enfants privés de leur père, redoutent à chaque minute d’apprendre qu’il a été chassé loin d’eux, au Maroc.

Les enfants de cette famille sans papiers partagent avec quelques dizaines de milliers d’autres enfants une privation extrême de droits. Leur quotidien est tissé de peurs, d’incertitudes. Leurs parents menacés d’expulsion, sont traités en délinquants : menottés, bâillonnés devant leurs enfants, détenus dans des centres loin des villes, ballottés jusqu’à l’insupportable entre menaces et espoirs, et finalement expulsés en catimini, encadrés par un escorte policière, rejetés, abandonnés ailleurs.

Que dire du droit à la sécurité face aux menaces d’arrestation,au petit jour, à la nécessité de fuir et comme Ivan (12 ans) d’y risquer sa vie ? Que dire des matins où quitter la maison, c’est craindre de ne pas y retrouver le soir le père ou la mère, peut-être emprisonné, embarqués de force. Que dire du jour où l’un d’eux risque d’être arraché à l’école, aux copains aux profs, comme Armen (7 ans) que la police est venu chercher à l’école Ferdinand-Buisson de Montauban, après avoir arrêté ses parents et sa sœur (8 ans). Que dire du droit à vivre en famille, lorsqu’on doit, à 10 ans, se cacher des mois durant pour empêcher l’expulsion, changer d’école, passer de famille en famille, et toujours la peur d’être renvoyé dans un pays inconnu, dont on ne parle pas la langue.

Le droit d’être nourri, soigné ? Ce n’était pas pour ce bébé de quatre mois, sevré brutalement, arraché aux soins de sa mère, placé plusieurs jours dans un foyer à 40 km de celle ci et, pour faire bonne mesure, séparé brutalement de son frère, ni pour Sarah (3 ans, Lea (18 mois), maintenues 32 jours en rétention, et finalement expulsées à la dernière minute, par avion spécial. 206 enfants en 2007 selon la Cimade, le plus jeune âgé de 3 semaines, relâché avec ses parents, un soir de grand froid à plusieurs centaines de kilomètres de leur domicile ?

Que dire de la violence à enfant que représentent les interrogatoires au guichet de la préfecture, lorsqu’en dehors de tout cadre réglementaire, l’enfant est questionné pour tenter de débusquer une affirmation présumée douteuse, ou que ses résultats scolaires sont épluchés et serviront de prétexte au refus de régularisation.

Que dire du droit à l’éducation et à construire sa vie quand l’expulsion est en filigrane de chaque année scolaire, au moment ces jeunes sont en pleine construction de leur personnalité ?

La politique du chiffre, c’est aussi cela : violences, maltraitances, privations de droit envers les plus faibles, les enfants des sans droit. Des faits vrais et des pratiques indignes que je défie quiconque de justifier devant ses propres enfants le soir à la table familiale.

Assez !

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