Craintes sur de fortes baisses de subventions au réseau Esther, dont la directrice est invitée à quitter son poste

Publié le 14 septembre 2007 sur OSIBouaké.org

Paris, 13 septembre 2007 - emed - Le ministère de la santé, qui a signifié à Anne Petitgirard son départ de la direction d’Esther, un réseau de coordination de jumelages hospitaliers Nord-Sud de lutte contre le sida  , pourrait diviser ses subventions par deux en 2008, a-t-on appris auprès de plusieurs sources. Fondé à l’initiative de la France en 2002, le groupement d’intérêt public Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau (GIP Esther) est à ce jour encore présidé par l’actuel ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui était ministre de la santé du gouvernement Jospin lors de la création du GIP. Son entrée au gouvernement Fillon, à un poste où il partage la tutelle d’Esther avec le ministère de la santé, doit donner lieu à son départ du GIP. Son successeur, dont le nom était initialement attendu durant l’été, n’a toujours pas été désigné. Or, il semble que ce départ doive s’accompagner de celui d’Anne Petitgirard, directrice du réseau depuis sa création, ainsi que d’une forte baisse budgétaire pour l’année 2008, a-t-on appris jeudi. Contactée par l’APM, Anne Petitgirard a confirmé avoir été convoquée au cabinet de la ministre Roselyne Bachelot, où elle se serait vue signifier son départ pour fin octobre. Aucune raison spécifique ne lui a été fournie, assure-t-elle, si ce n’est "le besoin d’un changement". Visiblement émue par ce départ quasi-certain, la directrice a estimé que "c’est dommage, car la confiance se tisse au fil des années". "Mais le plus grave, c’est le budget", considère-t-elle. Outre son départ, le ministère s’apprêterait en effet à diviser par deux sa contribution à Esther, de 7,5 millions d’euros en 2007 à 3,75 millions d’euros en 2008, même s’il n’y a encore eu "aucune officialisation" de ce dernier chiffre. "Les résultats d’Esther sont bons, le feedback du terrain l’est aussi", regrette Anne Petitgirard, qui avant Esther a oeuvré à l’Organisation mondiale de la santé (OMS  ), à la Fédération internationale de la société de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICRCR) et au Fonds des Nations-unies pour la population (Fnuap). Le GIP connait déjà des difficultés financières, dues au fait que sur les 7,5 millions d’euros promis pour 2007 par le ministère de la santé, aucun euro n’a encore été versé, précise Anne Petitgirard. Or il s’agit de loin de la principale source de financement d’Esther, le quai d’Orsay ne contribuant qu’à hauteur de 500.000 euros par an, indique-t-elle. Contacté par l’APM, le directeur des programmes internationaux de Sidaction et membre du conseil d’administration d’Esther, Eric Fleutelot, a estimé "pas très élégante" la démarche du ministère vis-à-vis d’Anne Petitgirard. Quant au budget, "nous sommes absolument furieux" de ce recul "dans un domaine jugé prioritaire", celui de la lutte contre le sida   dans les pays émergents, et "nous nous battrons" pour qu’Esther ne s’éteigne pas. Esther est une structure "qui au bout de cinq ans fonctionne", considère-t-il. Que ce soit pour le départ d’Anne Petitgirard, ou pour la baisse des subventions ministérielles, "nous n’avons pour l’instant reçu aucune explication" du ministère, s’insurge-t-il. Contactés jeudi par l’APM, ni le ministère de la santé, ni celui des affaires étrangères n’étaient en mesure de répondre dans l’immédiat.

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