Questions après l’attentat raté contre Guillaume Soro

Publié le 30 juin 2007 sur OSIBouaké.org

Sain et sauf, Guillaume Soro est apparu en bonne santé dans sa résidence de Bouaké ce vendredi soir, vêté d’un costume traditionnel, mais il n’a fait aucune déclaration après l’attentat qui l’avait visé plus tôt dans la matinée. Alors qu’il venait d’arriver à Bouaké pour présider une cérémonie issue du processus de paix, son avion a été la cible de plusieurs tirs de roquettes. Quatre personnes ont été tuées dans l’avion et plusieurs ont été blessées, mais le Premier ministre est sorti indemne. Les condamnations se sont succédé toute la journée, de l’Union africaine, de l’ONU  , de la France, du parrain du processus de paix le burkinabe Blaise Compaore, du RDR d’Alassane Ouattara ou encore du parti des Forces nouvelles, le mouvement de Guillaume Soro lui-même.

Pourquoi a-t-on voulu tuer Guillaume Soro ? L’identité des assaillants demeure mystérieuse mais, dès hier, tous les interlocuteurs bien informés des réalités du nord ivoirien évoquaient les nouvelles lignes de fracture au sein de l’ex-rébellion. Tous les soldats des forces nouvelles ne partageraient pas en effet l’enthousiasme du premier ministre et de ses proches pour l’accord conclu avec le camp présidentiel. Craignent-ils un deal secret entre Laurent Gbgabo et Guillaume Soro sur leur dos ? Ont-ils peur de perdre des prébendes acquises durant les années de conflit ? Ou tout simplement veulent-ils s’assurer que les raisons qui les ont poussé à prendre les armes seront bien satisfaites ? Il ne s’agit là que d’hypothèses, mais une chose est sûre, cette tentative d’assassinat affaiblit le premier ministre. Bouaké n’est plus pour lui un bastion sécurisé, et les questions sur son pouvoir au sein des forces nouvelles ne vont pas manquer d’apparaître dans les prochains jours. Quant à l’accord de Ouagadougou, il a subi hier un sérieux accroc. Les retards dans l’application du chronogramme établi dans la capitale burkinabé avaient amené les premiers nuages sur l’optimisme né de l’accord de paix ; hier, c’est un véritable coup de tonnerre qui a frappé une Côte d’ivoire qui, depuis mars dernier, croyait en avoir fini avec les actes de guerre.

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