Une résurgence de l’épidémie de sida redoutée en Afrique

Publié le 23 juillet 2016 sur OSIBouaké.org

AFP - Malo Tresca, 19 Juillet 2016 - Les participants de la 21e conférence internationale sur le sida  , qui s’est ouverte lundi 18 juillet à Durban, en Afrique du Sud, redoutent l’anéantissement des progrès acquis contre la maladie, faute de fonds suffisants.

Dix ans après l’appel vibrant de l’ex-président Nelson Mandela à endiguer le fléau, c’est encore au cœur de l’épidémie, à Durban, ville côtière sud-africaine, que se tient du 18 au 22 juillet, le 21e sommet international sur le sida  .

Du prince Harry au chanteur Elton John en passant par l’actrice Charlize Theron, quelque 18 000 personnalités issues du monde scientifique, associatif, politique ou artistique sont réunies pour alerter l’opinion publique sur le risque d’anéantissement des progrès enregistrés, au cours de la dernière décennie, dans le combat contre l’épidémie.

Baisse de financement des pays donateurs

« Le monde doit faire face à des priorités qui sont concurrentes, notamment la lutte contre le terrorisme et la crise migratoire, s’est inquiété dans son discours d’ouverture le directeur de l’Onusida  , Michel Sidibé, ajoutant, voir pour la première fois, une baisse dans le financement des pays donateurs » pour la recherche et la prévention contre le virus.

« J’ai peur parce que je vois plus de jeunes femmes infectées, a-t-il poursuivi. Si nous continuons ainsi, nous risquons d’avoir à faire face à une résurgence de l’épidémie et nous ne serons pas capables d’éliminer le sida   d’ici à 2030 », l’objectif fixé par l’ONU  .

Une crainte relayée par l’association AIDES, alors que 37 millions de personnes sont contaminées aujourd’hui par le virus, la plupart vivant en Afrique subsaharienne. « Tous les mois, 100 000 personnes meurent du sida   et 160 000 sont infectées », détaille l’ONG, dénonçant dans la foulée « des inégalités sociales inacceptables », entre pays riches et pauvres. « Si nous ne faisons pas les bons choix stratégiques, nous risquons de voir annuler les gains durement acquis », a prévenu de son côté le président de la Société internationale sur le sida  , Chris Beyrer.

Des progrès encore colossaux à faire

Les progrès dans la lutte contre l’épidémie, qui a provoqué la mort de 30 millions de personnes en 35 ans, ont été très significatifs ces dernières années. En 2000, « seul un million d’individus dans le monde avaient accès » aux antirétroviraux, essentiellement dans les pays du Nord, souligne encore AIDES. « Seize ans plus tard, plus de 15 millions de personnes y ont accès. Quatre millions de morts ont ainsi été évitées », se réjouit l’association.

Mais les progrès à accomplir pour mettre fin à l’épidémie à l’horizon 2030 restent toutefois colossaux, alors que la recherche en vue d’un vaccin n’a pas encore abouti. « Tant que nous ne parvenons pas à atteindre efficacement les jeunes et à obtenir d’eux qu’ils soient impliqués (dans la lutte contre le sida  ), rien ne va changer », a déploré l’actrice Charlize Theron à l’ouverture de la conférence.

Première cause de mortalité chez les jeunes en Afrique

En Afrique, les chiffres sont particulièrement alarmistes  : le sida   reste, d’après un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 10 à 19 ans. « Il y a un décalage énorme entre les promesses politiques faites pour mettre fin au sida   et la réalité sur le terrain, avec des financements insuffisants et des systèmes de santé au bord de l’implosion », ont dénoncé pour leur part plusieurs organisations spécialisées dans l’accès aux soins.

« Nos gouvernements sont engagés dans un jeu cynique de promesses pour mettre fin à la crise du sida  , mais ils refusent de mettre les fonds sur la table pour y parvenir », a estimé Asia Russell, directrice de l’organisation Health Global Access Project.

Médecins sans frontières (MSF  ) a exhorté les participants de la conférence de Durban « à mettre en place un plan d’action pour résoudre l’accès critique au traitement VIH   » en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, où le taux de traitement est inférieur à 30 %.

À Kinshasa, un quart des personnes atteintes du sida   arrivent trop tard dans l’établissement de MSF   pour être sauvées, avec 39 % des malades mourant dans les 24 heures qui suivent leur admission.

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