Seule la gratuité des soins peut assurer le suivi du traitement

Publié le 9 juin 2007 sur OSIBouaké.org

LE MONDE | 08.06.07 | 13h48

Moins d’un tiers des séropositifs africains qui ont besoin d’un traitement par antirétroviraux (ARV  ) - soit 1,34 million de personnes - en bénéficient effectivement, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS  ). Cette proportion connaît cependant une très forte progression.

Voici trois ans, seuls 100 000 patients avaient accès aux ARV  , et la couverture dépassait à peine 2 %. Des politiques volontaristes, aidées par les organisations internationales et les ONG et favorisées par la forte baisse du prix des médicaments, ont permis cette évolution.

Pourtant, au rythme actuel, insiste l’OMS  , seule la moitié des patients aura accès aux ARV   en 2010, année fixée pour atteindre l’objectif de l’accès universel.

En Afrique du Sud, l’un des pays les plus touchés, 32 % des personnes concernées sont sous traitement alors qu’au Nigeria le taux n’atteint que 15 %.

L’instauration de la gratuité permet à certains Etats, comme le Botswana, l’Ouganda, la Namibie et le Mali, de faire mieux. Ce dernier pays, relativement peu atteint, assure avoir répondu aux besoins grâce à une politique globale de gratuité. La situation demeure extrêmement diverse. Après le Sénégal et le Mali, l’Ethiopie, le Kenya, la Tanzanie et la Zambie ont commencé à distribuer gratuitement les ARV  , tandis que le Nigeria et le Congo s’apprêtent à le faire. Mais les examens de laboratoire et les médicaments autres que les ARV   sont rarement pris en charge.

Or la gratuité totale "est la seule voie pour la réalisation de l’objectif d’un accès universel au dépistage, aux traitements, aux soins et aux services de soutien pour 2010", note, en France, le Conseil national du sida   (CNS) dans un récent avis.

Prenant le contre-pied de la politique de "contribution des patients aux soins", généralisée en Afrique depuis 1987 au nom de la "responsabilisation", le CNS montre que, dans le contexte africain, seule la gratuité peut assurer le suivi réel d’un traitement médicamenteux au long cours. Un tel suivi étant lui-même la garantie d’une amélioration de l’état des patients et de leur éventuel retour à une activité. Le nombre de morts du sida   serait proportionnellement deux fois plus élevé dans les pays où l’accès aux ARV   reste payant.

Fixant les besoins financiers à 22 milliards de dollars (16,3 milliards d’euros) pour 2008 et les ressources disponibles à 10 milliards, le CNS appelle à augmenter l’aide, estimant que "le soutien à la gratuité de la prise en charge globale des personnes infectées par le VIH   constitue une exigence éthique".

Philippe Bernard Article paru dans l’édition du 09.06.07

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