Cameroun : Eric Ohena Lembembe, figure de la lutte gay, a été assassiné
Publié le 20 juillet 2013 sur OSIBouaké.org
Actu Gay - mercredi 17 juillet 2013 à 15:27 par Edouard -
Il a été torturé puis étranglé.
Eric Ohena Lembembe, directeur exécutif de l’association camerounaise de lutte contre le Sida , CAMFAIDS, journaliste et militant engagé dans la défense des droits des LGBT a été retrouvé mort, chez lui au Cameroun, dans la nuit du 15 au 16 juillet. “Ses bras et ses jambes casées et son corps nu portait les traces de brulures visiblement faites à l’aide d’un fer à repasser”, indique le communiqué de l’association Africagay contre le Sida .
Cette mort intervient dans un contexte particulièrement violent au Cameroun où l’homosexualité est passible de prison. En janvier dernier, Jean-Claud Mbedé, un étudiant camerounais condamné à trois ans de prison pour homosexualité, avait écrit à François Hollande pour lui demander de l’aide et notamment d’intervenir auprès de son homologue camerounais, justement en visite à Paris à ce moment là.
L’association Africagay précise dans son communiqué que les autorités camerounaises n’ont pas, pour le moment, condamné le crime commis sur Eric Ohena Lembembe et appelle à l’ouverture d’une enquête approfondie.
Source : Europe1.fr
France 24 - 19 juillet 2013 -
Interrogés par FRANCE 24, les avocats d’Éric Lembembe, un militant homosexuel camerounais assassiné lundi, dénoncent une enquête de police bâclée. Aucune photo n’a, selon eux, été prise et le corps du militant n’a pas été autopsié.
"Pas une seule image, pas une photo n’a été prise", s’indigne, sur l’antenne de FRANCE 24 Alice Nkom, l’une des avocates du militant homosexuel camerounais torturé à mort à la fin de la semaine dernière. Lundi, le corps sans vie d’Éric Lembembe a été retrouvé dans son appartement, fermé de l’extérieur.
"Quand la police a ouvert la porte, ils ont trouvé le corps d’Éric avec des traces visibles de torture. Son cou et ses pieds étaient cassés, a rapporté l’un de ses amis. Son visage, ses mains et ses pieds avaient été brûlés avec un fer à repasser", raconte Neela Ghoshal, chercheuse pour Human Rights Watch.
L’homme de 33 ans, journaliste, était l’un des plus fervents défenseurs de la cause LGBT (Lesbiennes, gays, bi et transexuels) au Cameroun, où l’homosexualité est encore passible de cinq ans de prison. Proche collaborateur de HRW, il avait participé à l’élaboration d’un rapport sur les nombreuses exactions subies par les homosexuels dans le pays.
Aucune photo, pas d’autopsie
"Au moment de la découverte du corps par la police, absolument rien n’a été fait", a déclaré Saskia Ditisheim, présidente de l’ONG Avocats sans frontières-Suisse, qui séjourne actuellement au Cameroun. "Je pense que ce n’est pas une question de moyens. C’est quand même assez simple de sécuriser les lieux, de prendre des photos et de recueillir des indices, poursuit-elle. Je suis également surprise qu’il n’y ait pas eu d’autopsie […], on est dans l’indifférence totale".
Le département d’État américain a dénoncé un "assassinat macabre", et a exhorté les autorités camerounaises à "diligenter sans délai une enquête approfondie afin de poursuivre les responsables de ce meurtre". La France, par la voix de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, a exigé que "toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce crime et que les auteurs soient traduits en justice".
"Jusqu’à présent, ce qu’on a enregistré, ce sont les condamnations de pays comme les États-Unis ou la France, de l’Union européenne, de la Grande-Bretagne… Et le Cameroun ne dit toujours rien sur ce meurtre odieux, s’indigne Alice Nkom. Le Cameroun ne devrait pas attendre la pression de qui que ce soit pour agir, et assurer la protection des personnes et des biens comme elle y est engagée par sa Constitution !"