Les liens de Cahuzac avec les laboratoires pharmaceutiques à la loupe des enquêteurs

Publié le 4 avril 2013 sur OSIBouaké.org

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 04.04.2013 -

Les juges chargés d’instruire l’affaire Cahuzac vont devoir se pencher sur l’activité de consultant pour l’industrie pharmaceutique de l’ancien ministre. Son avocat a reconnu qu’une partie "accessoire" de l’argent enregistré en Suisse provenait de ce travail, mais, selon le parquet de Paris, un témoin interrogé dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte le 8 janvier avait déclaré que "les sommes versées sur ce supposé compte proviendraient de laboratoires".

Mardi, Jérôme Cahuzac a été mis en examen pour "blanchiment de perception par un membre d’une profession médicale d’avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la Sécurité sociale". En clair, les juges veulent savoir si l’ex- chirurgien esthétique a voulu masquer l’origine de fonds provenant d’éventuels avantages indus touchés dans le cadre de son activité de consultant.

"CONSEIL EN LOBBYING"

L’ancien ministre du budget a été un temps conseiller technique au ministère de la santé de Claude Evin (1988-1991), participant en particulier à la politique du médicament. Il ensuite travaillé comme consultant pour l’industrie pharmaceutique par le biais de son cabinet Cahuzac Conseil en 1993. D’après Mediapart, l’activité de cette société a atteint 1,9 million de francs en 1993-94, 1,6 million de francs en 1994-95 pour du "conseil en lobbying" et de "l’exploitation de brevets" avant de diminuer pour être ramenée à zéro en 1997, année de l’élection de Jérôme Cahuzac à l’Assemblée nationale.

Ces pratiques n’ont rien d’illégal mais des politiques, comme Michèle Rivasi, députée européenne EELV (Europe-Ecologie Les Verts), demandent des éclaircissements sur les bénéfices politiques tirés par l’ancien ministre de ses relations avec l’industrie. Celui qui fut son adversaire politique à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), Michel Gonelle, déclarait en janvier au journal Sud-Ouest qu’"en Lot-et-Garonne, ses relations avec les laboratoires pharmaceutiques ont beaucoup choqué. Nous l’avons dit et écrit lors des municipales de 2001. Nous étions stupéfaits par les largesses dont il bénéficiait". "Nous en face, on était mal à l’aise. Nous n’avions pas à distribuer des subventions aussi élevées", ajoutait-il.

Démentant tout conflit d’intérêts, l’entourage de Jérôme Cahuzac assure, extraits de débats parlementaires à l’appui, que le ministre s’était fait remarquer entre 1997 et 2002 pour sa pugnacité à l’encontre des laboratoires. "S’il est une constance dans l’engagement socialiste de Jérôme Cahuzac, c’est qu’il a toujours plaidé contre son intérêt personnel au nom de l’intérêt général : doubler l’ISF, réduire les abattements de succession, taxer le capital comme le travail, lutter contre les avantages indus des laboratoires, des radiologues".

"L’ESSENTIEL DE SES REVENUS PROVENAIT DE SON ACTIVITÉ DE CHIRURGIEN"

Le ministre de l’économie et des finances, Pierre Moscovici, a annoncé de son côté que tous les éléments obtenus par l’administration fiscale avaient été transmis à la police judiciaire "y compris l’intégralité du dossier fiscal de Jérôme Cahuzac sur vingt ans".

Saisi par la justice française, le ministère public suisse "a fait le nécessaire pour récolter (auprès des banques UBS et Reyl et Cie) les preuves documentaires bancaires liées à l’existence d’un compte détenu en Suisse par Jérôme Cahuzac depuis 1992", soit un an après sa sortie du cabinet du ministère de la Santé de Claude Evin, a précisé le parquet de Genève.

"Ce compte n’a pas été abondé depuis 2001 et l’essentiel de ses revenus provenait de son activité de chirurgien et accessoirement de son activité de consultant", avait déclaré mardi l’un de ses avocats, Me Jean Veil, précisant que l’essentiel des faits visés par l’enquête serait "largement prescrits". Ce compte, ouvert en Suisse, a été transféré à Singapour en 2009, a-t-il précisé.

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