Sida, les discriminations perdurent

Publié le 29 novembre 2012 sur OSIBouaké.org

La Croix - Pierre Bienvault- 22 Novembre 2012 - Selon une enquête rendue publique mercredi 28 novembre par Sida   Info Service, près de la moitié des personnes vivant avec le VIH  /sida   ont déjà été victimes de discriminations.

Les personnes interrogées font notamment état de refus de soins chez des dentistes ou de surprimes d’assurance toujours élevées.

Malgré l’existence de traitements efficaces, vivre aujourd’hui avec le virus du sida   reste une épreuve. Les personnes concernées continuent en effet d’être victimes de nombreuses discriminations dans leur vie sociale et personnelle.

Tel est le principal constat d’une enquête rendue publique, mercredi 28 novembre, par l’association Sida   Info service. Près de la moitié des personnes interrogées indiquent avoir été déjà discriminées du fait de leur séropositivité.

Plus de 47 % des sondés victimes de discrimination

Accessible tous les jours, 24 heures sur 24, Sida   Info Service est une ligne téléphonique (0800 840 800) d’information et d’écoute sur toutes les questions liées au VIH  /sida  . Depuis 2002, l’association réalise tous les quatre ans une enquête pour mesurer le niveau de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH  /sida  .

Cette année, 301 personnes ont accepté de répondre à un questionnaire soit par téléphone, soit par Internet. Les trois quarts des participants étaient des hommes âgés en moyenne de 41 ans. Parmi les personnes interrogées, 47,2 % ont indiqué avoir été déjà victimes d’une discrimination liée à leur statut sérologique. Le chiffre demeure important, même s’il est inférieur de 10 points à celui obtenu dans la même enquête réalisée en 2005. Des refus de soins chez les dentistes

Si quelques progrès semblent donc avoir lieu, il reste encore des mentalités à faire évoluer, en particulier dans le milieu de la santé. C’est le seul secteur où le pourcentage de discriminations rapportées a augmenté par rapport à 2005, passant de 43,7 % à 46,6 %.

« Les témoignages que nous avons recueillis évoquent notamment des refus de soins fréquents de la part de chirurgiens-dentistes dès lors qu’ils apprennent la séropositivité de leurs patients. Il arrive que des personnes soient mises purement et simplement à la porte du cabinet alors qu’elles étaient sur le point d’être soignées » , explique Elisabete de Carvalho, l’une des responsables de l’enquête.

Des commentaires déplacés

Certains médecins ne se privent pas non plus de commentaires abrupts ou blessants. « Un médecin m’a dit : quand on est séropositive, on ne fait pas d’enfants » , raconte dans l’étude une femme de 45 ans. Alors qu’aujourd’hui, en France, grâce aux traitements antirétroviraux, une femme enceinte séropositive et bien suivie a un risque quasi nul de donner naissance à un bébé infecté.

Trop souvent encore, on constate des ruptures du secret médical. « Quand j’ai été opéré du cœur, un infirmier qui venait de me prélever du sang (…) a dit tout haut dans la chambre que je partageais : “C’est vous qui êtes séropositif ?” » , témoigne un homme de 52 ans. Des surprimes d’assurance « hallucinantes »

En dépit de la mise en place ces dernières années d’une convention visant à faciliter l’accès à l’assurance et aux prêts des personnes ayant un risque de santé aggravé, un quart des personnes interrogées (24,5 %) rapporte une discrimination dans ce domaine.

Dans l’étude, une femme explique ainsi qu’après l’achat d’une maison avec son ami, elle paie 135 € d’assurance par mois contre 24 € pour lui. « Dans certains cas, la surprime réclamée par l’assurée est tellement hallucinante que les personnes n’ont pas d’autre choix que de mentir dans le questionnaire médical » , constate Elisabete de Carvalho.

Un statut difficile à assumer

Par ailleurs, même si elles semblent en recul, les discriminations sur le lieu de travail existent toujours. « Mes collègues de travail ont su que j’étais séropositif, j’ai dû nier en bloc mais le doute était là. J’ai démissionné et changé de région car cela devenait invivable » , explique un homme de 51 ans.

Enfin, l’enquête met en évidence qu’une séropositivité reste toujours aussi difficile à annoncer, y compris à son entourage. « On constate qu’il y a toujours des situations d’incompréhension ou de rejet chez des personnes proches » , souligne Elisabete de Carvalho, en insistant sur le fait qu’un certain nombre de personnes « intériorisent » ces discriminations et s’engagent dans une attitude de repli. « J’ai renoncé à une relation durable avec un partenaire pour ne pas avoir à lui avouer ma séropositivité » , explique par exemple un homme de 50 ans.

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5e enquête sur les discriminations à l’encontre des personnes vivant avec le VIH - 2012

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