Sida : Truvada, le premier traitement préventif, inquiète les associations

Publié le 18 juillet 2012 sur OSIBouaké.org

le Parisien, 17 Juillet 2012 - Prévenir la contamination par le virus du sida   grâce à un médicament : un espoir qui prend des allures de réalité, à quelques jours de l’ouverture de la Conférence internationale sur le sida  , qui se tiendra à Washington du 22 au 27 juillet. L’agence américaine du médicament (FDA) a donné son feu vert, lundi, à la mise sur le marché du Truvada. Cet antirétroviral serait administré à titre préventif, à des personnes non infectées mais prenant des risques : couples où l’un des deux est séropositif, homosexuels se protégeant moins et prostituées...

Les premières études cliniques ont montré des résultats plutôt probant, avec une réduction de 44 % du risque d’infection sur des couples homosexuels séronégatifs, et jusqu’à 75 % chez les couples hétérosexuels discordants.

Une décision « précipitée »

Malgré tout, l’annonce de la mise sur le marché d’un médicament de ce type est jugée précipitée par les associations de lutte contre le sida  . Act’Up Paris se dit « en colère contre cette décision, car la précipitation mal informée, en matière de prévention, se compte en contaminations ». Pour l’association, « la FDA montre son mépris de la recherche, qui n’a jamais donné de preuves suffisantes d’une efficacité du Truvada en prévention ». Elle souligne que l’annonce avait été reportée à septembre par les autorités américaines, jugeant qu’elles ne disposaient pas d’assez de garanties de la part du laboratoire américaine Gilead Sciences, qui produit le Truvada.

Dans un communiqué, Act’Up fait remarquer que le laboratoire « bénéficiera d’une rente considérable sur ce médicament, dès qu’il sera mis à disposition des gays américains », le coût du traitement étant de 12 000 à 14 000 dollars par an. L’association s’interroge : « laisserons-nous encore longtemps les lobbys du médicament dicter leurs règles à notre communauté, au mépris de notre santé ? » Des médecins font par ailleurs savoir que certains patients peuvent développer une résistance au médicament, et mettent donc en garde contre les faux espoirs.

« Irresponsable », selon AIDS Healthcare Foundation

Attention également à la baisse de la prévention, préviennent d’autres associations. Elles craignent qu’avec la prise du Truvada, les personnes séropositives ne se protègent plus autant. Le Dr Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) insiste sur le fait que le Truvada « ne devrait pas être utilisé pour se substituer aux autres méthodes de prévention » existantes, dont le préservatif. Mais pour Michael Weinstein, responsable de l’ONG AIDS Healthcare Foundation, la mise sur le marché du Truvada est « irresponsable », prédisant qu’elle « finira par faire régresser les efforts de prévention menés depuis plusieurs années ».

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