L’autodépistage du sida bientôt en France ?

Publié le 18 mai 2012 sur OSIBouaké.org

Paris Normandie - jeudi 17 mai 2012 - Un comité d’experts indépendants a recommandé mardi 15 mai à l’Agence américaine des médicaments (la Food and Drug Administration, FDA) d’autoriser pour la première fois la vente libre d’un test d’autodépistage du sida  . Baptisé OraQuick In-Home HIV, il s’agit d’un tampon buccal qui, au contact du fluide muqueux oral (sécrété à la base des gencives), produit des résultats en vingt minutes. Si le sujet est séropositif, une ligne violette apparaît, comme pour les tests de grossesse. FTVi vous dit ce que valent ces tests, dont la vente n’est pas encore envisagée en France, et où en est l’Hexagone dans les stratégies de dépistage.

A l’instar des tests sanguins classiques, ces versions express ne sont vraiment fiables que trois mois après une possible contamination, mais elles sont opérantes. Un essai clinique mené par le fabricant a montré que le test buccal permettait de détecter avec succès une contamination par le VIH   dans 93% des cas, soit légèrement au-dessous du seuil de 95% recommandé par la FDA. En revanche, le test a été exact à 99% pour indiquer qu’une personne n’était pas séropositive. Il devrait jouer un rôle important pour ralentir la propagation du VIH  . Le dispositif existait déjà sous un autre nom, OraQuick Rapid HIV, depuis 2006, mais il devait être effectué sous surveillance médicale. En 2009, le Royaume-Uni l’a adopté. Mais pas la France.

Dans l’Hexagone, aucune étude n’est actuellement menée sur ces tests buccaux. Outre le débat autour de la fiabilité de certains dispositifs, il existe "un gros problème éthique", explique le Pr Christine Rouzioux, chef de service en virologie au CHU Necker, à Paris. Car si le test d’autodépistage est commercialisé en libre-service, "on aura des gens qui se retrouveront face à un résultat positif, livrés à eux-mêmes", sans accompagnement psychologique, ni personne pour leur proposer une prise en charge médicale. De plus, "on ne considère pas que c’est une urgence, puisqu’on a en France une offre de santé publique incomparable avec celle des Etats-Unis, avec des structures comme les centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG)", ajoute-t-elle.

Ces centres, conscients que le délai d’obtention des résultats (jusqu’à une semaine en CDAG, quelques jours en labo ou à l’hôpital) dissuade certaines personnes, utilisent de plus en plus les tests de dépistage rapide par le sang, qui permettent un diagnostic en trente minutes et existent depuis une quinzaine d’années dans les labos français.

Plus de 33 millions de gens vivent avec le VIH   dans le monde. En France, en 2011, on estimait à 50 000 le nombre de personnes contaminées sans le savoir.

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