Ouganda : manif en soutien-gorge contre la violence policière

Publié le 4 mai 2012 sur OSIBouaké.org

Rue 89 et Global Voices Online - 28/04/2012 - James Propa · Traduit par Claire Ulrich

C’est l’image de trop de violence policière qui a mis les femmes ougandaises en colère. Lorsqu’un policier agrippe et comprime le sein droit d’une femme politique pour tenter de l’arrêter, des femmes ont protesté en manifestant ... en soutien-gorge.

Le 20 avril, une manifestation d’oppositon se déroulait à Kampala, la capitale ougandaise. Dès que Ingrid Turinawe, présidente de la Ligue des femmes du Forum pour le changement démocratique, l’une des personnalités politiques clés d’Ouganda, est arrivée sur place, des policiers se sont précipités pour l’interpeller.

L’un d’entre eux a intentionnellement agrippé et comprimé son sein droit pour lui faire mal. Ceci a provoqué la colère des Ougandais car cette séquence de l’agression du policier a été diffusée sur NTV Uganda.

Le porte-parole de la police ougandaise, Ibn Ssenkumbi, a tenté de nier ces accusations, disant que l’arrestation avait été faite par une policière.

Ceci a poussé la chaine NTV à diffuser la séquence vidéo au ralenti pour que les téléspectateurs puissent constater de leurs propres yeux ce qui s’était passé.

Après l’incident, des femmes ont volontairement enlevé leur haut en public, ne gardant que leur soutien-gorge pour manifester leur colère devant la manière brutale de traiter une femme politique. Six d’entre elles ont fini au commissariat.

Mais les Ougandais présents sur Twitter ont réagi et exprimé leur colère après cet incident :

@gabrieloguda a cette opinion :

« L’Histoire se répète. Tout à coup, nous sommes à nouveau dans la brutalité des années 1970 et du début des années 80 » [sous les présidences d’Idi Amin Dada et de Milton Obote, ndlr]

« Imaginez ce qu’ils peuvent faire à d’autres femmes quand il n’y a personne pour voir »

@Ugandanet demande :

« S’il peuvent faire ça à Ingrid Turinawe en public, imaginez ce qu’ils peuvent faire à d’autres femmes quand il n’y a personne pour voir ? »

@pmagelah a ceci à dire à la police ougandaise :

« Demandez à la police @ugandaupf de ne pas arrêter sous de faux prétextes les femmes (qui se sont mises en soutien-gorge) pour #IngridTurinawe, cela ne changera rien du tout, c’est une agression sexuelle. »

@IsNyaga pense que cet épisode à tout simplement fait d’Ingrid une candidate possible à la présidentielle :

« Cher Museveni [l’actuel président ougandias, ndlr] vous venez juste de faire de Ingrid Turinawe une candidate à la présidentielle. »

@pmagelah demande l’arrestation du policier qui a brutalisé Ingrid :

« Une agression de ce type sur une femme est un délit. La police ougandaise doit arrêter et mettre en accusation le policier qui a agressé Ingrid Turinawe ».

@joydoreenbiira annonce la mise à pied du policier qui a agressé Ingrid :

« Le policier qui a agressé Ingrid Turinawe a été suspendu de ses fonctions à cause de cette présumée agression sexuelle ; j’ai besoin d’avoir une preuve de ça, C’est une déclaration uniquement verbale. »

Les leaders et les militants de l’opposition ougandaise manifestent régulièrement depuis 2011.

Les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient ont eu leur influence en Ouganda aussi, avec l’organisation par l’opposition de nombreuses manifestations depuis, contre l’augmentation du prix de l’essence, durant lesquelles les Ougandais vivant dans les villes se rendaient à leur travail à pied.

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