Cambodge : le tortionnaire khmer rouge Douch condamné en appel à la perpétuité

Publié le 3 février 2012 sur OSIBouaké.org

RFI - Phnom Penh - Stéphanie Gee - 03 février 2012 - Le verdict est tombé ce vendredi 3 février au matin : l’ancien tortionnaire khmer rouge et directeur du centre de sécurité S-21 a été condamné, en appel, à la prison à perpétuité. Très attendue par les familles des victimes, cette décision, rendue par un tribunal parrainé par l’ONU  , va au-delà de la condamnation à 30 ans d’incarcération prononcée en première instance.

Cette sentence crée la surprise, pour le plus grand soulagement des parties civiles et des victimes. Sourire aux lèvres, celles qui ont suivi de près ce procès qui a duré plus de soixante-dix jours et attiré plus de 30 000 visiteurs disent que la justice a été rendue à 100 %, pour reprendre l’expression de l’une d’elles. Pour le réalisateur Rithy Panh, cette peine est tout à fait justifiée, et moins que la perpétuité n’aurait pas eu de sens selon lui, au regard de la gravité des crimes commis.

Un peu de déception est à noter malgré tout du côté des partie civiles, au sujet des réparations qui leur sont octroyées, jugées insignifiantes. Quant à Douch l’accusé, il reste une énigme. Il était difficile de lire sur son visage ce qu’il ressentait à l’annonce du verdict.

Un verdict alourdi

Pour la chambre de la Cour suprême, l’argument est simple. Les juges de première instance ont attaché un poids excessif aux circonstances atténuantes, et un poids insuffisant aux circonstances aggravantes, en fixant une peine de trente-cinq ans. La Cour s’éloigne ici de ce qui existe dans la jurisprudence internationale et frappe fort. Pour ces juges, la cruauté et le zèle avec lesquels Douch a servi le régime khmer rouge, et avec lesquels il s’était forcé d’améliorer sans cesse l’efficacité macabre de S-21 qu’il dirigeait, tout cela l’accable, et ce, malgré le fait qu’il n’était pas en haut de la chaîne de commandement, ont-ils précisé. « La peine doit être particulièrement sévère pour ce type de crimes, afin qu’ils ne se reproduisent plus », martèlent les juges dans leur arrêt final.

Douch seul condamné ?

Certains observateurs mettent en garde. Il ne serait peut-être pas juste que Douch soit au bout du compte, le seul condamné par cette juridiction parrainée par les Nations unies, et qu’il devienne une sorte de bouc émissaire du régime khmer rouge. Pourquoi une telle inquiétude ? Le deuxième procès a démarré en novembre dernier. Il concerne les trois anciens dirigeants du Campuchea démocratique encore en vie, et aptes à être jugés. Ces trois personnes sont âgées de 80 ans et malades. La crainte qu’ils disparaissent avant la fin de leur procès est plus que légitime.

Il faut savoir qu’a priori, il n’y aura pas d’autre procès après celui-là. Le gouvernement cambodgien n’en voulait pas et il l’a clairement affirmé. Le co-procureur international a précisé que Douch pourra faire une demande de libération dans sept ans au regard du droit cambodgien et de la présence qu’il a déjà passé en prison.

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