Indispensable engagement de l’Europe

Publié le 31 décembre 2011 sur OSIBouaké.org

Michèle Barzach, le Monde Diplomatique - janvier 2012 - L’Europe a ardemment soutenu la création du Fonds mondial en 2002 et demeure depuis cette date son premier financeur, avec une contribution globale de 51 %de l’ensemble de ses ressources. La France est le premier donateur européen (et le deuxième au plan international après les Etats-Unis) ; l’Allemagne et le Royaume-Uni se placent respectivement au deuxième et au troisième rang.

L’engagement de l’Europe dans le Fonds mondial est porté depuis l’origine par une vision et une conviction. La vision que seule une réponse massive, coordonnée et partenariale peut infléchir l’évolution des trois maladies les plus meurtrières du monde en développement que sont le sida  , la tuberculose et le paludisme. La conviction qu’un combat efficace contre les maladies passe par une nouvelle gouvernance internationale en santé, assise sur des valeurs de responsabilités partagées, de respect des stratégies nationales et d’appropriation des interventions par les pays, de transparence et d’implication de tous les acteurs essentiels de la lutte contre les maladies — au premier rang desquels la société civile et les communautés.

En dix ans, le Fonds mondial a obtenu, à travers les programmes qu’il finance, des résultats remarquables et d’une ampleur jamais atteinte par les organisations internationales en santé, témoignant à la fois d’un effort financier international sans précédent, de l’efficacité de ce modèle dans l’aide apportée aux pays en développement et de l’importance des valeurs qui le déterminent.

La crise économique et financière qui touche aujourd’hui l’Europe ne doit ébranler ni ses convictions, ni son engagement financier envers le Fonds mondial, ni les valeurs fondatrices si profondément européennes de cette organisation : promouvoir la santé comme un droit, combattre les inégalités dans l’accès aux soins et à la prévention, lutter contre les discriminations envers les populations vulnérables — comme les femmes et les enfants — ou marginalisées, promouvoir les droits humains et la démocratie par une participation accrue de la société civile et les partenariats.

Soutenue par l’opinion publique européenne, qui, malgré un environnement économique inquiétant, reste convaincue à 85 %de l’importance de l’aide au développement et à 62 %de la nécessité de tenir les engagements d’augmentation de l’aide, l’Europe et ses Etats membres doivent conserver le leadership dans la lutte contre les épidémies au sein du Fonds mondial et maintenir leur engagement financier. Pour cela, les pays européens ne doivent pas céder à la tentation du repli sur des stratégies nationales de coopération au détriment d’une action partenariale multilatérale et éviter les pièges d’une technocratie excessive et des diktats financiers.

Les partenariats public-privé tissés au sein du Fonds mondial entre les pays donateurs, les pays récipiendaires, le secteur privé et les fondations, les représentants de la société civile et les partenaires techniques rappellent l’essentiel : les interventions de santé publique telles qu’elles sont soutenues par le Fonds mondial sont d’abord des actions de solidarité, des actions d’hommes et de femmes envers les plus pauvres et les plus vulnérables de la planète.

Michèle Barzach Ancienne ministre, présidente des Amis du Fonds mondial Europe.

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