Un scrutin émaillé de violences dans certaines régions de RDC

Publié le 10 décembre 2011 sur OSIBouaké.org

LeMonde.fr Avec AFP et Reuters | 28.11.11 |

Les bureaux de vote pour les élections présidentielle et législatives en République démocratique du Congo ont officiellement fermé à 16 heures GMT (17 heures françaises) lundi 28 novembre. Le scrutin, pour lequel 32 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes, a été émaillé de violences.

A Kananga, dans la province du Kasaï occidental (centre), un fief de l’opposition, des incidents ont débuté alors que certains bureaux de vote tardaient à ouvrir, faute de bulletins et d’urnes notamment. Des témoins de partis politiques ont été exclus de certains bureaux, tandis qu’un chef de centre a été vu en train de choisir les électeurs, a-t-on appris de source onusienne.

Selon la même source, la situation s’est dégradée après la découverte d’urnes pré-remplies. Au moins trois bureaux de vote ont été incendiés et, près de plusieurs sites de vote, la police aurait été "débordée" par des mouvements de foule en colère. En raison des troubles, les opérations de vote ont été arrêtées dans certains bureaux qui ont été fermés.

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VIOLENCE DANS LA PROVINCE MINIÈRE DU KATANGA

Par ailleurs, quatre bureaux de vote ont été attaqués dans la province minière du Katanga, dans le sud du pays, où entre 7 et 11 personnes auraient été tuées, selon des sources officielles. Selon le gouverneur de la province, 8 rebelles ont été tués, 2 policiers et une civile tués, 11 rebelles arrêtés. Selon le porte-parole militaire, le capitaine Mbav, 4 agresseurs ont été tués ainsi que deux policiers et une civile venue voter dans le bureau de vote du centre de la capitale de la province.

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Dans la ville de Lubumbashi, des militaires lourdement armés, indépendantistes katangais présumés, seraient à l’origine de rafales de tirs qui ont coûté la vie aux trois victimes, deux policiers et une civile victime d’une balle perdue, et ont provoqué un mouvement de panique.

CALME DANS LE RESTE DU PAYS

Dans le reste du pays, hormis des retards dus essentiellement à l’absence de matériel électoral qui devait être distribué par la Céni, les élections législatives et présidentielle se sont déroulées dans un calme relatif. Cependant, à Kinshasa, théâtre de violents heurts entre camps rivaux qui ont fait au moins deux morts samedi, le dirigeant de l’opposition, Etienne Tshisekedi, a été dans un premier temps empêché par les forces de police de se rendre dans un bureau de vote. M. Tshisekedi et un cortège de plusieurs milliers de ses partisans ont été contraints de faire demi-tour sur la route entre l’aéroport et la capitale par un barrage de voitures de police et de véhicules blindés, avant de finalement pouvoir voter ailleurs.

Le scrutin, dans ce pays vaste et par endroits instable, constitue un casse-tête logistique. Des hélicoptères venus d’Afrique du Sud et d’Angola avaient acheminé la semaine dernière le matériel électoral dans des zones parfois accessibles uniquement par pirogue ou par la brousse. Chargée de distribuer bulletins et urnes dans près de 64 000 bureaux, la Céni avait assuré dimanche l’avoir fait "à 99 %", affirmation difficile à vérifier. Dans la capitale, des électeurs se se sont plaints lundi de la confusion, ne sachant pas où déposer leur bulletin. Des électeurs de Mbuji Mayi, la capitale du Kasai oriental, se sont aussi plaints de l’absence de matériel électoral.

Le président Kabila, qui a accédé au pouvoir après l’assassinat de son père en 2001 et a remporté l’élection présidentielle en 2006, est favori à sa propre succession, face à une opposition divisée et malgré des progrès économiques limités. Certains lui savent gré d’avoir unifié le pays après la guerre et ses millions de morts mais d’autres jugent qu’il n’a pas fait reculer la corruption.

Pas moins de 18 500 candidats briguent les 500 sièges du Parlement et Joseph Kabila, fils de feu Laurent-Désiré Kabila, aura dix adversaires face à lui. Les premiers résultats électoraux sont attendus le 6 décembre.

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