Sénégal : de jeunes tagueurs sensibilisent sur la santé

Publié le 18 octobre 2011 sur OSIBouaké.org

Bineta Diagne - Dakar - 18 octobre 2011 (photo Bineta Diagne)

De jeunes artistes tagueurs organisent plusieurs journées de consultations gratuites dans la banlieue dakaroise, afin de mieux sensibiliser les Sénégalais sur les questions de VIH  /Sida  . Une manière de faire de l’art, un vecteur de communication.

Bountou Pikine, en banlieue de Dakar. Sous une tente, des femmes accueillent des curieux attirés par de la musique. Ces femmes sont en fait des médecins, mais elles ne portent pas de blouses : aujourd’hui, elles sont là pour sensibiliser sur le VIH  / Sida  . Ousseynou Diouf est venu presque par hasard. "On nous a expliqué comment se transmet le virus du sida   : les causes et comment faire pour éviter cette maladie", dit ce jeune d’une trentaine d’année, qui enthousiaste, affirme rentrer chez lui avec l’intention de "communiquer auprès de [ses] amis et de [son] entourage". Car cet habitant de Pikine a bien conscience que "d’autres (personnes) ne peuvent pas comprendre (ces informations sur le VIH  , ndlr)".

Deux traits

Puis le visiteur est conduit vers une tente voisine, où une équipe effectue des tests du VIH  . En quelques heures, au moins une centaine de personnes ont pu faire ce dépistage gratuit, d’après Abdourahmane Bass, qui supervise les tests. "Après le prélèvement, explique-t-il, on fait le premier test, on dépose le sérum. Et s’il y a deux traits (sur le bâtonnet, ndlr), cela signifie que c’est positif, on fait alors un second tes", poursuit M. Bass, tout en arrangeant ses échantillons.

En face de ces stands, une dizaine de jeunes tagueurs, bombe à la main, composent sur un mur une grande fresque : on peut y lire des slogans comme "la santé n’a pas de prix" ou encore "combattre le sida  ". Les artistes utilisent des expressions et des portraits pour attirer l’attention des curieux. "Pour sensibiliser, on a utilisé des images qui s’adressent aux personnes illettrées", affirme Big Key, un artiste d’une trentaine d’années, membre de "misérables tag". Cela peut être "une personne qui pense à la manière dont elle va soigner son enfant atteint de drépanocytose", cite–t-il à titre d’exemple.

Curiosité

Graff & santé est né en août 2008. Le but de cette caravane, créée par Docta, le pionnier du graffiti à Dakar, est de rendre les soins accessibles à tous, le temps d’une journée. Les dépistages du VIH   et les consultations sont gratuits. Cet artiste de 36 ans a constaté qu’"à travers le graffiti, on peut faire beaucoup de choses : quand on fait une fresque murale en plein jours, on voit toute la population qui tourne autour de nous par curiosité et qui pose toutes sortes de questions", témoigne Docta, qui éprouve du "plaisir à apporter sa pierre à l’édifice" en rapprochant les gens des professionnels de la santé.

Jusque fin octobre, chaque week-end, les artistes sillonnent plusieurs quartiers populaires, avec le même but : attirer les Sénégalais à s’intéresser à leur santé.

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