Cameroun : l’homophobie d’Etat fait le lit de l’épidémie

Publié le 19 septembre 2011 sur OSIBouaké.org

Paris, le 13 septembre 2011 - Communiqué de presse de Africa Gay.

“Le Cameroun est une nouvelle fois le théâtre d’arrestations arbitraires motivées par l’orientation sexuelle réelle ou présumée d’homosexuels ainsi que des militants de la lutte contre le sida   dans leurs missions auprès des populations vulnérables. Africagay   contre le sida   appelle le gouvernement camerounais à cesser ces arrestations contraires aux droits de l’Homme, qui mettent en péril les politiques de lutte contre le sida  .

Il ne peut y avoir de vraie politique de prise en charge globale du VIH  /sida   si l’on ne prend pas en compte les populations les plus vulnérables à l’épidémie. Tandis que les 193 Etats Membres de l’ONU   ont reconnu en juin dernier la nécessité de prendre en compte ces populations pour lutter efficacement contre l’épidémie de sida  .

  • 1 L’OMS   a publié en juin dernier de nouvelles directives sur les homosexuels dont la première recommandation exhorte les législateurs à « établir des lois antidiscriminatoires et protectrices, afin d’éliminer (…) la violence dont sont victimes les hommes ayant des relations homosexuelles et les personnes transgenres et de réduire leur vulnérabilité à l’infection VIH   », les autorités camerounaises continuent de nourrir la discrimination et la stigmatisation envers ces populations. Les relations homosexuelles au Cameroun sont encore considérées comme un délit par l’article 347bis du Code Pénal et passible de 6 mois à 5 ans de prison. Depuis le mois de juillet 2011, une dizaine de personnes ont été arrêtés dont six d’entre elles se trouvent encore dans les prisons camerounaises.
  • 2. Pendant ce temps, les autorités camerounaises continuent de pénaliser l’homosexualité et prévoient même de renforcer cette législation homophobe, distillant par la même, la haine des homosexuels dans toute la population. En raison des données épidémiologiques qui révèlent des taux de contamination cinq fois supérieur chez les gays que dans la population générale, le gouvernement camerounais a obtenu d’importants financements du Fonds Mondial de lutte contre le sida   en contrepartie de son engagement à intégrer les minorités sexuelles et les populations vulnérables dans son plan de lutte contre le VIH  . Or ces arrestations remettent sérieusement en cause sa volonté de prendre en compte ces populations, particulièrement lorsque des militants de la lutte contre le sida   sont eux-mêmes l’objet d’arrestations. Aujourd’hui, dans certains pays d’Afrique les études les plus récentes montrent que les homosexuels sont jusqu’à 25 fois plus exposés au VIH   que dans la population générale, pourtant 39 des 53 Etats Africains continuent de pénaliser l’homosexualité.

Comme l’a dénoncé le prix Nobel de la paix, l’archevêque Desmond Tutu, « l’homophobie est un crime contre l’humanité, frappant aussi injustement que l’apartheid ». Nous appelons donc l’Etat camerounais à stoper ces arrestations et à appliquer les lois qui protègent l’ensemble de ses citoyens conformément aux traités qu’il a ratifié au niveau international et qui reconnaissent l’universalité des droits de l’homme. L’intolérance ne peut pas être la gangrène de notre continent et hypothéquer la santé de nos citoyens, pierre angulaire du développement de l’Afrique.”

Les associations membres d’Africagay   contre le sida   sont : AAS (Burkina Faso) - AIDES (France) - ALAVI (Burkina Faso) – Alternatives Cameroun (Cameroun) - ANSS (Burundi) - APCS (Algérie) – ATL (Tunisie) - COLIBRI (Cameroun) - Espace Confiance (Côte d’Ivoire) - EVT (TOGO) - REVS + (Burkina Faso) - RSB (Côte d’Ivoire) - Ruban Rouge (Côte d’Ivoire) – Sidaction (France).

imprimer

retour au site