IAS 2011 : Enthousiasme scientifique sur le sida à Rome

Publié le 18 juillet 2011 sur OSIBouaké.org

20 minutes - 17 Juillet 2011 - La 6e conférence scientifique sur le sida   a entamé ses travaux dimanche à Rome dans une atmosphère enthousiaste, dopée par les possibilités encourageantes qui se dessinent

« L’excitation est immense, c’est la première fois qu’il y a autant de participants », a souligné devant la presse Chris Beyrer, un des responsables de la société internationale du sida   (IAS), organisatrice de la conférence.

Elly Katabira, président de l’IAS, a estimé qu’on avait atteint « un moment critique ». Stefano Vella, président de l’Institut italien de la santé et co-président de la conférence, est allé plus loin encore en soulignant que « le traitement comme prévention » constituait « en un sens une révolution ».

Les quelque 5.500 chercheurs et professionnels de la santé présents à Rome peuvent de fait se réjouir de la cascade de résultats positifs intervenus au cours des derniers mois sur l’utilisation des antirétroviraux (ARV  ) comme outil préventif.

Ils vont pouvoir étudier en détails les résultats d’une étude qui montre que des ARV   pris très tôt par une personne infectée réduisent de 96% le risque d’infection du partenaire. « Une protection de 96% c’est proche de l’utilisation d’un préservatif », sans les inconvénients, remarquait un participant.

Deux autres études montrent que l’utilisation de ces mêmes ARV   par une personne non atteinte du virus l’empêcherait dans presque deux cas sur trois de s’infecter.

La circoncision est une bonne protection

Les congressistes vont parler aussi des effets indéniables de la circoncision, de plus en plus répandue en Afrique, qui protège plus de la moitié des hommes circoncis.

L’intitulé d’un débat, dimanche dès avant le début de la conférence, donnait le ton : « Traitement comme prévention : changement de donne ou illusion ? ». Les participants - représentants de l’OMS  , de l’Onusida  , d’une ONG - répondaient unanimement : « changement de donne », même si cela peut être difficile à mettre en application.

Tous ont souligné aussi la nécessité de tester le plus de monde possible et le plus tôt possible : « Plus de personnes testées, c’est à long terme moins de personnes à traiter », a remarqué Brenda Waning, de l’Onusida  .

Dans le monde, seulement la moitié des quelque 33 millions de personnes séropositives savent qu’elles sont infectées.

Les coûts peuvent être contrôlables

Parmi les questions importantes que pose la stratégie « traitement comme prévention », il y a celle du financement.

Selon Jean-Paul Moatti, professeur en économie de la santé (Inserm, Université de la Méditerranée, France), « cela ferait une hausse des dépenses dans des proportions contrôlables » et au bout d’une dizaine d’années, la communauté internationale rentrerait dans les frais occasionnés.

En effet, avec un programme massif de prévention, « le pays paie moins pour la santé et perd moins de jours de production car la personne n’est pas malade ».

Selon Michel Sidibé, « soit on paie maintenant, soit on paie toujours ». Il estime lui aussi que le retour sur investissement devrait intervenir « dans dix ou 15 ans ».

Nombre de scientifiques ont souligné les difficultés de la mise en oeuvre de programmes fondés sur ces nouvelles données. Les chances d’une fin de la pandémie « sont meilleures, les défis sont plus grands », a souligné Elly Katabira. « Les hommes politiques doivent prendre en charge ce défi », a lancé Michel Sidibé.

Pour leur part, les scientifiques italiens ont regretté les reculs des autorités en Italie, avec un arrêt des aides internationales depuis deux ans et une annulation des subventions aux programmes de recherche sur le sida  .

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