"Psychologie des transsexuels et des transgenres", de Françoise Sironi

Publié le 12 avril 2011 sur OSIBouaké.org

OSI Bouaké - SD - 12 avril 2011 - Le nouveau livre de Françoise Sironi sort cette semaine, le 14 avril 2011, chez Odile Jacob : "Psychologie des transsexuels et des transgenres", de Françoise Sironi, Odile Jacob, 14/04/2011 - 240 p - ISBN 9782738125835 - 23.91€

Présentation de l’éditeur

La transsexualité et les identités transgenres ne sont ni un vice, ni un caprice cosmétique, ni une maladie : il s’agit d’une authentique contrainte intérieure à la métamorphose de soi. Les sujets transidentitaires – transsexuels, transgenres – bouleversent des certitudes, dérangent ou fascinent. Comment comprendre que le recouvrement entre sexe et genre ne va pas de soi ?

Françoise Sironi ouvre à une compréhension nouvelle des vécus transidentitaires, en décrivant comment appréhender et accompagner, sans les discréditer, ces expériences de métamorphose humaine. Elle montre également en quoi les transidentités sont en fin de compte un nouveau paradigme qui nous aide à penser les identités émergentes à l’heure de la mondialité : métis culturels, migrations planétaires, familles recomposées, homoparentalités, adoptions internationales…

Françoise Sironi est maître de conférences en psychologie clinique et en psychopathologie à l’université Paris-VIII. Elle est expert près la cour d’appel de Paris et près la Cour pénale internationale à La Haye. Psychologue et psychothérapeute, elle accompagne des personnes transidentitaires dans leur parcours de vie. Elle a publié Bourreaux et victimes et Psychopathologie des violences collectives.


"Psychologie(s) des transsexuels et des transgenres", de Françoise Sironi : identités "trans"

Le Monde des livres | 16.06.11 | Clarisse Fabre

Les vieilles théories sur la transidentité sont en train de voler en éclats. Et le renouveau de la pensée "trans" n’est pas sans rappeler certains combats féministes. Disposer de son corps, par exemple, ou construire son identité : féminine, masculine, voire au-delà des catégories binaires.

Le fait, pour un homme ou pour une femme, de ne pas se reconnaître dans son sexe d’origine, et la volonté d’être reconnu(e) dans le sexe opposé, n’est plus considéré comme une maladie. Se dessine un nouvel horizon intellectuel dans lequel les personnes "trans" ne seraient plus soumises au pouvoir médical, mais deviendraient acteurs et actrices de leur propre devenir. C’est ce que propose Françoise Sironi dans son ouvrage intitulé Psychologie(s) des transsexuels et des transgenres.

Le titre pourrait effrayer. Il donne l’impression d’assigner un certain type de comportement aux personnes transsexuelles (qui recourent en général à la chirurgie pour une "réassignation" de sexe, avant le changement d’état civil) et aux personnes transgenres (celles-ci ne souhaitent pas forcément basculer dans l’autre sexe, mais revendiquent le droit de construire leur propre identité, avec ou sans hormones).

Mais l’intérêt de l’ouvrage est ailleurs. Maître de conférences en psychologie clinique et en psychopathologie à l’université Paris-VIII, Françoise Sironi fait part d’une expérience menée de 1996 à 2003, lorsqu’elle a créé avec des collègues un groupe de recherche et une consultation psychologique destinée aux personnes "trans ", au centre Georges-Devereux, alors situé au sein de Paris-VIII. Ce travail, qui dure encore, consiste à suivre des personnes "trans" - et homosexuelles - qui ont pu être maltraitées par le pouvoir médical dans le passé. "Défaire ces blessures, atténuer ces colères induites, fait alors partie du travail thérapeutique", souligne Françoise Sironi. La psychiatre Colette Chiland figure parmi les praticiens visés - son ouvrage, si contesté dans le milieu "trans", Changer de sexe, paru en 1997, vient d’être réédité et surtout revu et corrigé (Odile Jacob, 350 p., 24,90 €).

Cette "recherche-action", comme la nomme Françoise Sironi, fait référence aux travaux des philosophes Gilles Deleuze, Félix Guattari et Michel Foucault sur les savoirs dominants et les savoirs assujettis : les personnes "trans" se retrouvent en position d’expert au même titre que le thérapeute. Ce dernierdevient un "passeur de mondes et un être de frontières, capable de se "déformer" sans jamais se diluer dans l’autre". Loin d’être un phénomène marginal, les transidentités sont donc un "paradigme" qui nous permet de mieux comprendre "les nouvelles constructions identitaires" du monde contemporain : "les métis culturels, les migrants planétaires, les familles recomposées, les homoparentalités et les transparentalités, les adoptions internationales".

Il s’agit, au final, de "libérer le genre de ses carcans normatifs". Ce combat rejoint l’actualité, depuis le mariage "trans" célébré le 4 juin, à Nancy, entre une femme biologique et sa compagne, possédant un état civil masculin mais se vivant comme femme, jusqu’au débat sur l’enseignement du genre au lycée : le thème "devenir homme ou femme" est désormais inscrit au programme de classes de première (L et ES). L’ancienne députée Christine Boutin s’en est offusquée auprès du ministre de l’éducation nationale, dans une lettre ouverte datée du 31 mai, suscitant aussitôt une pétition de chercheurs et d’universitaires.


Libération - 30/06/2011 - Geneviève Delaisi de Parceval

La question transidentitaire (transsexuels, transgenres) traverse actuellement la société contemporaine. Judith Butler l’a brillamment illustrée dans la célèbre expression « trouble dans le genre ». L’auteure, psychothérapeute, expert près la cour d’appel de Paris et la Cour pénale internationale de la Haye, analyse dans ce livre sa propre clinique, faisant en même temps le point sur un sujet souvent mal cerné. De quoi s’agit-il au juste ? La transsexualité n’est pas une maladie, elle n’est pas non plus un choix, c’est une contrainte à la métamorphose. Les sujets transgenres ne peuvent se laisser penser à l’intérieur de l’habituelle dichotomie homme/femme. L’auteure montre, de passionnants cas cliniques à l’appui, que nous sommes aujourd’hui de plus en plus en présence d’une forme diversifiée, fluide, de l’expression du genre. Le recouvrement entre genre biologique de naissance et genre psychologique ne va pas, ne va plus de soi. En filigrane de cette recherche novatrice on trouve l’audacieux paradigme suivant : les transidentités permettent de mieux comprendre les nouvelles constructions identitaires, non transsexuelles, non transgenres, qui émergent de notre monde contemporain à l’heure de la mondialité ; nouvelles constructions qui sont celles des métis culturels, des migrants planétaires, mais aussi des familles recomposées, homoparentales, transparentales, adoptives ; et - pourquoi pas ? - celles des familles composées avec la participation de donneurs de gamètes et d’embryons ou grâce à un don de gestation. Inutile de dire que les sujets transidentitaires viennent fortement questionner, selon la formule de l’auteur, un angle mort de la théorie psychanalytique constitué par la conception naturaliste de l’identité de genre.

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