Afrique de l’Ouest : Des organisations s’unissent contre le trafic d’enfants

Publié le 25 février 2011 sur OSIBouaké.org

IPS - 14/02/2011 - Des organisations luttant contre le trafic des enfants en Afrique de l’ouest ont décidé d’unir leurs forces pour une meilleure efficacité de leurs interventions, affirme Moussa Sidikou, qui a été porté à la tête de l’Union des coalitions ouest-africaines (UCOA – pour l’enfance). La coalition a été créée lors du 11ème Forum social mondial (FSM) tenu du 6 au 11 février 2011 à Dakar, la capitale sénégalaise.

Ce regroupement, qui comprend des associations et ONG des 15 pays membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest, constitue « une initiative majeure permettant de mieux lutter contre ce trafic qui prend de plus en plus de l’ampleur en Afrique et dans l’espace CEDEAO en particulier », déclare Sidikou, coordonnateur national de l’ONG ’Ecole-parrainage & actions de développement’ (EPAD Niger), basée à Niamey, la capitale.

« Plusieurs dizaines de milliers d’enfants, en situation de vulnérabilité, sont actuellement menacés par ce trafic dans la sous région », indique à IPS, Mamadou Sissako, un activiste malien des droits humains ayant participé au FSM.

Selon Zeinabou Hammadou, une assistante sociale à Niamey, « la paupérisation de plus en plus croissante des familles contribue grandement au développement de ce trafic ignoble ».

« Quand au sein d’un foyer, les parents n’arrivent pas à satisfaire aux besoins les plus élémentaires de leurs enfants comme la nourriture, l’habillement, l’éducation, le risque est grand que ces derniers quittent le foyer pour la rue où ils sont à la merci des trafiquants », explique-t-elle à IPS.

Pour Sissako, « seule une lutte concertée des organisations intervenant dans nos différents pays permettrait de déjouer les stratégies de plus en plus affinées déployées par les trafiquants d’enfants pour passer entre les mailles des filets ».

« En janvier dernier seulement (2011), vous vous souvenez qu’une fillette nigérienne de cinq ans (Maïmouna) a échappé in extremis à une vente à Sokoto (nord du Nigeria), grâce notamment à la collaboration de la ’National Agency for the Prohibition of Traffic in Persons’ (NATIP), une organisation de lutte contre le trafic humain basée au Nigeria », rappelle à IPS, Sidi Abdou, un activiste nigérien des droits humains.

L’opération de vente, montée par le propre père de la fillette, du nom de Nassirou Mahamadou, a échoué à cause notamment d’une mésentente autour du montant de la transaction fixé à sept millions de francs CFA (environ 16.300 dollars), indique Abdou à IPS.

En général, les enfants vendus servent d’ouvriers mal payés dans des plantations agricoles ou dans des carrières où ils cassent des pierres en petits morceaux vendus par leurs maîtres aux entreprises de travaux de bitumage de routes.

« Cette nouvelle structure (sous-régionale) permettra d’élargir, de diversifier et de renforcer les interventions que nous menons déjà, à travers le Réseau Afrique de l’ouest (RAO) pour la protection de l’enfance, créé depuis 2005 par des organisations du Burkina Faso, de Côte d’Ivoire, de Gambie, de Guinée Conakry, de Guinée-Bissau, du Mali, du Niger et du Sénégal », souligne Sidikou.

« Grâce à cette initiative, des associations de pays comme le Bénin, le Cap Vert, le Ghana, le Libéria, la Sierra Leone, le Nigeria sont officiellement impliquées dans la dynamique de collaboration sous-régionale pour mettre fin à la traite des enfants », ajoute-t-il.

Selon Lassina Zampou, coordonnateur du RAO-Burkina Faso, le réseau travaille sur deux axes principaux : la récupération et la réinsertion, dans leur communauté, des enfants victimes de la traite, mais aussi la prévention de la pratique.

D’après Ramatoulaye Bâ, animatrice à ’Enda Jeunesse Action’, une organisation non gouvernementale locale basée à Dakar et membre du RAO, l’accent est mis notamment sur les « enfants en rupture familiale », dans le cadre des actions de prévention.

« Notre travail consiste à aller dans les points de chute de cette catégorie d’enfants pour les identifier, les écouter pour savoir d’où ils viennent et instaurer un climat de confiance entre eux et nous en vue de faciliter leur réinsertion familiale. Nous privilégions cette démarche pour leur éviter d’être tentés par l’aventure hors des frontières », explique Bâ à IPS.

« Au Burkina Faso, des champs communautaires sont même octroyés aux familles des enfants identifiés afin que celles-ci produisent et génèrent des ressources leur permettant de scolariser leurs enfants », souligne Zampou.

« L’opération en cours d’expérimentation couvre actuellement trois villages et touche 80 familles. Elle vise à sortir les familles identifiées de la précarité à l’origine de l’abandon des enfants à eux-mêmes », ajoute-t-il.

Selon Sidikou, la réinsertion de chaque enfant dans sa communauté coûte au RAO au moins 300.000 FCFA (environ 690 dollars).

« Du démarrage des activités du RAO à cette date (2005 à 2011), nous avons réinséré quelque 1.300 enfants et jeunes au niveau de l’ensemble des pays membres », indique-t-il. (FIN/2011)

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