Avec « Good Bye sida ? », Arte (ce soir 22h20) explore les nouveaux enjeux de l’épidémie

Publié le 30 novembre 2010 sur OSIBouaké.org

Yagg - Christophe Martet - 30 Novembre 2010 - C’est une soirée exceptionnelle que nous propose Arte ce mardi 30 novembre, avec la diffusion, dans une Thema spéciale, de deux documentaires passionnants sur la situation de l’épidémie vue du côté des séropositifs et des soignants, en France et en Inde.

Etre séropositif en 2010

Dans Good Bye sida   ?, à 22h20, Yvonne Debeaumarché a choisi son angle et s’y tient. Faire parler les séropositifs d’aujourd’hui sur ce que c’est que de vivre avec le VIH  . On meurt beaucoup moins du sida   – 4000 décès en 1994, dix fois moins aujourd’hui. Mais que veut dire être séropositif en 2010 ?

La grande force du film est de réunir une palette de témoignages de personnes atteintes et de leurs soignants : Kévin (auteur du blog « Mon truc en + » sur Yagg) raconte ce que la découverte de la séropositivité a pu changer dans ses rapports avec sa famille, Marjolaine (ex-présidente d’Act Up) explique qu’elle n’a jamais pensé qu’elle mourrait du sida  , Karl dit pourquoi il a accepté, au bout de très nombreuses années, de faire un enfant avec sa compagne séronégative.

Le film s’arrête aussi longuement sur le témoignage d’une femme de 50 ans, récemment contaminée, qui dialogue avec son médecin, Marina Karmochkine, sur le suivi médical. Ou sur la colère de cette femme originaire d’Afrique, qui regrette de ne pas pouvoir parler à visage découvert sur pression de son entourage. Si le documentaire présente à raison une situation de l’épidémie moins dramatique en France, grâce à l’efficacité des traitements, ces visages masqués disent aussi la discrimination que peuvent subir les personnes infectées par le VIH  .

Sexe sans capote

Pourquoi les gays se contaminent-ils toujours ? Pour tenter d’y répondre, l’équipe du film s’est rendue à Berlin, présenté comme « l’épicentre de la culture gay européenne ». C’est la partie la moins réussie du film. Parler du sexe sans capote comme « d’un effet de mode », dixit un clubber, ou expliquer que des gays recherchent la contamination (pour s’empresser de dire que c’est une pratique ultra-minoritaire) : des phrases choc qui tranchent nettement sur le reste du documentaire. Mais cela n’enlève rien à la force de ce documentaire présenté par Alain Maneval, qui propose cette Thema spéciale à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida  .

Deuxième document inédit : L’Inde, en guerre contre le sida  , de Sophie Ent et Ted Saad, diffusé à 23h15. Les réalisateurs nous plongent d’emblée au cœur d’un des plus grands hôpitaux de Bombay, qui reçoit chaque jour des centaines de séropositifs. L’Inde est un des pays les plus touchés par le VIH  , et le monde entier observe comment le sous-continent affronte l’épidémie, entre déni, faux médecins, gourous, tabous et bataille commerciale autour des brevets.

Rage palpable

Les deux réalisateurs sont restés quelques semaines en Inde : ils filment dans l’urgence, avec parfois une rage palpable face aux ravages de la maladie. En caméra cachée, les réalisateurs suivent aussi un gay dans les toilettes d’une gare routière, où il distribue capote et gel à des homosexuels, très souvent victimes de rafles policières.

Une enquête haletante et engagée, qui n’oublie pas de présenter les enjeux stratégiques : l’Inde, plus grand fabricant de génériques, est en train de passer des accords avec les pays occidentaux, ce qui risque d’empêcher bientôt les firmes indiennes de développer des copies des antirétroviraux. L’avenir de millions de malades, notamment en Afrique, se joue en Inde.

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