Haïti : L’aide alimentaire pour encourager le dépistage

Publié le 28 août 2006 sur OSIBouaké.org

Mercredi 16 aout 2006, 12h41

Par Clarens RENOIS

LASCAHOBAS (AFP) - Devant un entrepôt stockant les vivres du Programme alimentaire mondial de l’Onu   (PAM), des Haïtiens font la queue en attendant de recevoir leur ration alimentaire, tous tuberculeux ou atteints du virus du sida  . Sur les 400 personnes qui sont consultées chaque jour à l’hôpital de Lascahobas (centre du pays), 60 à 70 sont des malades et ont le droit de recevoir un supplément nutritionnel de 1.500 kilocalories offert par le PAM. "Ce don de l’organisation onusienne ainsi qu’une aide mensuelle de 30 à 40 dollars d’une ONG américaine incitent les gens de Lascahobas (57 km à l’est de Port-au-Prince), à effectuer les tests du sida  ", explique Fricelyne Chelot, infirmière au centre de santé. Quelque 300 familles de 5 à 7 personnes chacune profitent ainsi de ce programme lancé depuis quelques années par l’organistion "Partners in Health" avec sa filiale haïtienne "Zanmi lasante (Amis de la santé en créole). "Il est nécessaire de s’attaquer au sida  " et de le faire en tenant compte de l’extrême pauvreté dans laquelle se débat ce pays, le plus pauvre du continent américain, explique Wesler Lambert médecin en chef de l’hôpital de Lascahobas. "Si nous voulons améliorer la situation sanitaire dans son ensemble, nous devons agir sur des facteurs socioéconomiques", souligne le médecin. Il raconte être parfois témoin de véritables scènes de désespoir avec des Haïtiens qui repartent de l’hôpital, effondrés, parce qu’ils n’ont pas été sélectionnés pour le programme d’assistance sociale et ne pourront donc pas profiter d’une ration supplémentaire. Le médecin explique que le désespoir est tel que certains Haïtiens déclarent préférer "mourir du sida   demain plutôt que mourir de faim aujourd’hui". Le médecin appelle les autorités haïtiennes à intervenir. Outre les adultes, environ 200 enfants et adolescents ainsi que des orphelins du sida   sont pris en charge par ce programme santé/nutrition de l’organisation américaine et du PAM. Grâce à ce programme, ils sont soignés, nourris et leur scolarité est payée. "Il y a visiblement une nette amélioration de la santé depuis l’arrivée de +Partners in Health+ dans cette région du pays", constate Francelyne l’infirmière. Parallèlement, le taux de fréquentation des centres de santé a augmenté. Les Haïtiens les plus pauvres s’adressent aux médecins sachant que outre les soins de santé gratuits, ils pourront également être nourris. Pour James Morris, directeur exécutif du PAM, il est indispensable d’inclure le soutien nutritionnel dans les programmes de santé. Sinon, cela revient "à financer une campagne d’antirétroviraux sans se pencher sur l’alimentation et c’est un peu comme dépenser une fortune pour réparer une voiture alors qu’on n’a pas l’argent nécessaire pour faire le plein". "Si ce programme devait s’arrêter, ce sont de dizaines de milliers de vies qui seraient menacées dans cette région d’Haïti", indique le docteur Lambert. En Haïti qui compte huit millions d’habitants, 76% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour. L’insécurité alimentaire touche 40 % des foyers. Selon l’Onu   le sida   est en recul dans ce pays mais touche encore 4 à 5% de la population totale.

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