Afrique du Sud : 44 militants anti-sida arrêtés pour manifestation illégale
Publié le 18 août 2006 sur OSIBouaké.org
LE CAP (AFP) - Quarante-quatre militants d’une coalition anti-sida , qui s’étaient rassemblés au Cap (sud-ouest) pour dénoncer la politique de la ministre sud-africaine de la Santé, ont été arrêtés par la police pour manifestation illégale. Les manifestants, qui répondaient à l’appel de la coalition d’ONG Treatment Action Campaign (TAC), ont accusé la ministre de la Santé Manto Tshabalala-Msimang d’être "incompétente" dans la distribution d’antirétroviraux (ARV ) aux séropositifs sud-africains, a constaté une journaliste de l’AFP.
"Arrêtez Manto !", [1] scandaient les protestataires, rassemblés devant le siège du gouvernement provincial dans le centre-ville du Cap.
Ils ont également réclamé la démission de Mme Tshabalala-Msimang, en dénonçant le rôle qu’elle attribue à l’ail, au citron et à la betterave comme "traitement alternatif" anti-sida .
"Plutôt que d’aider (la lutte contre le sida ), elle noircit les problèmes et embrouille les gens", a déclaré à l’AFP le porte-parole de TAC Ralph Berold.
"Nous sommes étonnés que le président (Thabo Mbeki) la conserve jusqu’à présent" au sein du gouvernement, a-t-il ajouté.
Le rassemblement a été dispersé par la police, selon laquelle la manifestation n’avait pas été autorisée.
44 manifestants (16 femmes et 28 hommes), dont le président de TAC Zackie Achmat ont été interpellés, a indiqué une source policière, en précisant qu’ils devraient être libérés avant la fin de la journée.
Ils devraient être présentés la semaine prochaine à la justice et inculpés pour violation de propriété.
"Notre action d’aujourd’hui était illégale. Nous savions que certains de nos membres pouvaient être arrêtés, mais c’est une situation d’urgence", a affirmé le porte-parole de TAC.
Les manifestants entendaient également "attirer l’attention" sur le cas de détenus séropositifs revendiquant le droit à des ARV gratuits, qui ont obtenu gain de cause en justice mais ne recevaient toujours pas les médicaments.
Un des ces prisonniers, incarcéré à Westville (Durban, est), est récemment décédé des suites du sida .
Le VIH -sida touche 5,54 millions de personnes en Afrique du Sud, selon le gouvernement.
Pretoria affirme qu’un peu plus de 134.000 malades bénéficient du programme gouvernemental gratuit de distribution d’ARV , tandis que 80.000 autres sont traités grâce à des programmes subventionnés par des ONG ou le secteur privé.
[1] (ndlr : "Fire Manto" un slogan massivement repris au même moment par les activistes lors de la conférence Aids 2006 à Toronto )