Le gouvernement presse les préfets de cibler prioritairement les Roms

Publié le 12 septembre 2010 sur OSIBouaké.org

LeMonde.fr avec AFP | 12.09.10 | 08h39

Pressé par le Parlement européen de s’expliquer sur les récentes reconduites à la frontières de familles roms, le ministre de l’immigration assurait jeudi que "la France n’[avait] pris aucune mesure spécifique à l’encontre des Roms". Mais ses propos sont contredits par une circulaire du ministère de l’intérieur aux préfets sur les "évacuations de campements illicites", dont plusieurs médias ont eu copie.

Cette circulaire (PDF), datée du 5 août 2010, cible expressément, et à plusieurs reprises, les Roms. Le texte rappelle en préambule aux préfets les "objectifs précis" fixés par le président de la République – "300 campements ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici trois mois, en priorité ceux des Roms" – et demande aux préfets d’engager "une démarche systématique de démantèlement des camps illicites, en priorité ceux de Roms".

"Les préfets de zone s’assureront, dans leur zone de compétence, de la réalisation minimale d’une opération importante par semaine (évacuation, démantèlement, reconduite), concernant prioritairement les Roms", poursuit la circulaire qui est accompagnée d’un tableau type. Cette circulaire faisait suite à la volonté affichée fin juillet par Nicolas Sarkozy de "mettre un terme aux implantations sauvages de campements de Roms, des zones de non-droit qu’on ne peut pas tolérer en France".

SURVEILLANCE DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

Face aux critiques du Parlement européen, qui a adopté jeudi 9 septembre une résolution non-contraignante demandant à la France et aux autres Etats de l’UE   de "suspendre immédiatement" les expulsions de Roms, M. Besson a assuré dans un communiqué que "les Roms ne sont pas considérés en tant que tels mais comme des ressortissants du pays dont ils ont la nationalité". Le ministre a assuré que la France "ne met en œuvre aucune ’expulsion collective’".

Les critiques des eurodéputés s’ajoutent à celles, exprimées en août, par le comité de l’ONU   pour l’élimination de la discrimination raciale. Celui-ci avait rappelé la France à l’ordre, l’exhortant à "éviter" les renvois collectifs de Roms et les "discours politiques discriminatoires".

Le gouvernement soutient que tous les démantèlements de camps et les reconduites se déroulent dans un cadre légal. Mais la Commission européenne suit de près la situation pour vérifier notamment que le "trouble à l’ordre public" souvent avancé est bien justifié. Les eurodéputés ont adopté un texte

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