Le parquet fait appel de la condamnation de Douch à 30 ans de prison

Publié le 16 août 2010 sur OSIBouaké.org

Le Monde.fr avec AFP | 16.08.10

L’ancien bourreau, qui répondait de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, était passible de la perpétuité.

Le tribunal parrainé par les Nations unies a annoncé lundi que le parquet faisait appel de la condamnation prononcée en juillet contre Douch, l’ex-chef de la prison de Tuol Sleng à Phnom Penh sous le régime des Khmers rouges, où 15 000 personnes ont été torturées et exécutées entre 1975 et 1979.

Reconnu coupable de meurtres, tortures et crimes contre l’humanité par le tribunal mixte chargé de juger les crimes du régime khmer rouge, l’ancien bourreau avait été condamné à trente-cinq ans de prison, mais le tribunal a ramené sa peine à trente ans, jugeant illégale la détention de Douch par l’armée cambodgienne entre 1999 et 2007.

Cette peine est inférieure aux réquisitions du procureur, qui avait réclamé en novembre 2009 quarante ans de prison à l’encontre de Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, 67 ans. L’ancien bourreau, qui répondait de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, était passible de la perpétuité.

Le parquet estime dans un communiqué que la sentence "donne un poids insuffisant à la gravité des crimes de Douch et à son rôle et à sa participation de plein gré à ces crimes". Il juge également qu’une "importance indue est donnée aux circonstances atténuantes applicables à Douch".

Au lendemain du verdict, le chef de la diplomatie cambodgienne, Hor Namhong, avait jugé, à titre personnel, inappropriée et trop clémente la condamnation à trente ans de l’ancien Khmer rouge. L’un des rares survivants de S-21, nom de code de la prison, avait exprimé son dépit que "Douch" ait échappé à la prison à perpétuité. "Je pleure de nouveau. Nous avons souffert sous ce régime, et nous souffrons de nouveau aujourd’hui […]. Justice n’est pas rendue", avait réagi Chum Mey, 79 ans.

Douch qui avait congédié en juillet son avocat français, Me François Roux, a depuis lors recruté, aux côtés de Me Savuth, un second avocat cambodgien, Me Kang Ritheary. Il a décidé de faire appel de sa condamnation.

Plusieurs autres ex-dirigeants khmers rouges attendent d’être jugés, dont le "frère no 2", Nuon Chea, qui devrait passer devant le tribunal en 2011. "Le frère no 1", Pol Pot, est décédé en 1998.

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