Les incendies en Russie font craindre des retombées radioactives

Publié le 6 août 2010 sur OSIBouaké.org

Le Parisien, 5 aout 2010 - Les incendies, qui ravagent actuellement la Russie, pourraient provoquer de gros risques écologiques dont des retombées radioactives en Europe. L’association écologique Robin des Bois a tiré la sonnette d’alarme ce jeudi. L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a, lui, déjà annoncé qu’il allait mesurer de près les particules qui pourraient atteindre la France et analyser « leurs éventuelles retombées au sol ».

Les sites qui nourrissent l’inquiétude

Tchernobyl. Ce jeudi, Moscou n’a pas exclu que les feux de forêts atteignent la région de Tchernobyl, où a eu lieu en 1986 la plus grande catastrophe nucléaire civile de tous les temps. Le sol et les végétaux avaient été irradiés sur un vaste périmètre autour de l’ancienne centrale ukrainienne. « Nous surveillons attentivement la situation dans la région (russe, ndlr) de Briansk », à la frontière avec l’Ukraine et le Bélarus, car « si un incendie s’y déclarait, des substances radioactives pourraient s’envoler avec la fumée et une nouvelle zone polluée apparaîtrait », a expliqué jeudi le ministre russe des Situations d’urgence. Le centre nucléaire militaire de Sarov. L’association Robin des Bois a également pointé le site Arzamas 16, à 60 km de la ville de Sarov, qui abrite depuis 1946 un centre d’expérimentations et d’activités nucléaires. Le feu n’était qu’à 4 km des installations, avait indiqué mercredi les autorités russes. Elles avaient assuré que « tous les matériaux explosifs et tous les matériaux radioactifs avaient été évacués ». Selon l’association, « de Staline à Poutine, Arzamas 16, connu aussi sous le nom de Los Arzamas en analogie avec le site nucléaire américain de Los Alamos, a servi de site de stockage de plutonium, d’uranium enrichi, d’assemblage et de désassemblage de bombes nucléaires et sans aucun doute aussi de dépotoir de déchets ». Mais cette liste n’est pas exhaustive. Un incendie menaçait, un temps, une centrale nucléaire dans la région de Voronej à 500 km au sud de Moscou. L’IRSN, de son côté, va étudier si la sûreté de certaines installations nucléaires peut résister aux incendies.

IRSN : « Pas d’inquiétude d’ordre sanitaire »

Actuellement, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire estime que d’« éventuelles traces de pollution (...) ne pourront être décelées que si la France est exposée au panache de fumées. Or, depuis ces derniers jours, le territoire est plutôt sous des vents orientés nord-ouest ». Il s’est engagé à présenter les résultats dès qu’ils seront disponibles. « En tout état de cause, les niveaux d’activité susceptibles d’être observés en France à la suite de tels phénomènes ne sont pas de nature à provoquer une inquiétude d’ordre sanitaire », affirme-t-il.

Robin des Bois souhaite une coopération européenne

Dans ses revendications, Robin des Bois « souhaite que l’Autorité de sureté nucléaire française et ses homologues européennes communiquent sur une éventuelle pollution radioactive transfrontière à la suite des incendies en Russie ». Et ce d’autant plus que l’association n’a guère confiance dans les dires de Moscou. « Les observations satellitaires démontrent que l’étendue des feux de forêts (en Russie) est toujours minorée par les autorités. 2 millions d’hectares déclarés en 2003, 14 millions observés », indique son communiqué. Elle insiste aussi sur la distance parfois parcourue par le particules : « En 2003, les émissions radioactives issues de l’incendie des forêts de résineux de l’est du Kazakhstan à proximité du centre d’essais nucléaires de Semipalatinsk, ont été détectées au Canada ».

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