RFI suspendue au Bénin

Publié le 4 août 2010 sur OSIBouaké.org

Libération - 3 août 2010

La diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) au Bénin a été interrompue mardi peu après minuit. Et, Raïssa Gbéji, la correspondante de la radio sur place, a été auditionnée le même jour, pendant plus de deux heures.

Interrogée par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC), la journaliste explique : « Le président de la HAAC, Théophile Nata, m’a reçue en présence de son directeur de cabinet pour m’exprimer le fait que RFI a traité, selon lui, un peu trop abondamment l’information selon laquelle 50 parlementaires ont demandé, le week-end écoulé, la mise en accusation du président de la République, gâchant du coup les festivités du cinquantenaire du Bénin. »

50 des 83 députés siégeant au parlement béninois ont demandé la mise en accusation du président Boni Yayi pour « forfaiture et parjure » dans le cadre d’une affaire de sociétés illégales de placement d’argent. Ces élus, issus de l’opposition et d’une dissidence de la mouvance présidentielle, ont demandé dans une correspondance adressée vendredi au président du parlement, que le chef de l’Etat soit traduit devant la Haute cour de justice. Selon eux, Boni Yayi aurait « favorisé les activités de ICC Services », une société béninoise de placement d’argent qui aurait détourné l’épargne des souscripteurs.

Enquête

Dans le cadre de cette affaire, Boni Yayi avait limogé le 7 juillet le ministre de l’Intérieur Armand Zinzindohoué et le Procureur général auprès de la Cour d’appel de Cotonou. Il reprochait à son ministre d’avoir « offert les services de forces de sécurité sous son autorité et d’avoir signé un permis de port d’arme aux responsables de la société au mépris des précautions élémentaires en la matière », selon une source à la présidence.

Le président a aussi ordonné une enquête et, selon une source proche de la commission d’enquête, l’un de ses cousins a été arrêté et est détenu à la maison d’arrêt de Cotonou.

La correspondante de RFI a précisé que les autorités béninoises ne lui avaient pas « notifié une quelconque restriction en matière de (son) travail » et qu’elle ne « savait pas pour combien de temps les émissions de la station seraient interrompues ».

Elu en mars 2006 avec plus de 70% des suffrages, Boni Yayi, un ancien banquier, avait fondé son programme sur la restauration des valeurs républicaines et principalement la lutte contre la corruption qui gangrenait l’administration en place.

(Source AFP)

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