L’accompagnement des femmes séropositives fermé faute de financement

Publié le 22 juillet 2010 sur OSIBouaké.org

Libétoulouse - 21 juillet 2010 - J-M.E

Un grand salon prolongé par un bureau-salle de massage : C’est ici dans ce T2 lumineux avec vue sur cour que rien ne distingue des autres appartements de cet immeuble du centre de Toulouse que Karine Debulois, l’une des deux permanentes de l’association SEPIA reçoit des femmes infectées par le VIH  .

Depuis l’ouverture en 2006, une soixantaine de femmes majoritairement migrantes originaires d’Afrique y sont suivies chaque année. Une population chez qui la discrimination communautaire vis-à-vis des malades du sida   complique l’accès aux soins. Malgré la reconnaissance du milieu médical, cette structure va fermer, faute du renouvellement d’une partie de ses financements publics.

La majorité des femmes qui poussent la porte d’entrée de SEPIA sont envoyées par les médecins des hôpitaux toulousains. "En dehors de l’aspect médical, ils n’ont pas le temps ni les moyens d’assurer l’accompagnement quotidien des malades. Les traitements lourds et difficiles à supporter provoquent souvent des effets secondaires physiques et psychiques, explique Karine. Il y a des femmes françaises infectées depuis longtemps et d’autres pour la plupart originaires d’Afrique. Pour ces dernières , c’est encore plus difficile. Elles ne peuvent pas parler au sein de leur communauté où le Sida   est un tabou synonyme de rejet". Avec l’auto discrimination comme effet collatéral. "Certaines disent d’elles qu’elles sont pourries à l’intérieur", reprend Karine. A laquelle s’ajoute la peur du dépistage et le déni au risque de propager l’infection. Et de développer la maladie faute de prise en charge médicale.

Autant de symptômes, que l’association SEPIA s’était donnés pour buts d’empêcher. En apprenant à ces femmes à vivre avec la maladie. Autour d’une discussion dans le salon, d’un repas, d’une sortie à la campagne. Ou bien après une séance de massage, ou de yoga destinées à adoucir une partie des effets secondaires des traitements.

La structure est jugée "peu convaincante", par le Groupe régional de santé public (GRSP). Cet organisme, dépendant du ministère de la santé, n’a pas renouvelé la subvention de 5000 euros qui permettait à l’association de boucler son budget annuel de 70 000 euros. "Le public qu’elle touche est marginale, justifie les responsables du GRPS. En période de réduction des budgets de santé, la priorité de la somme de 400 000 euros dédié au Sida   en Midi Pyrénnées va d’abord à la communauté homosexuelle fortement impacté par la maladie selon les statisques fournises par L’Observatoire régional de santé (ORS).

La mairie de Toulouse a aussi réduit sa participation de 2500 à 1500 euros. "Pour une petite structure comme la notre, c’est énorme", commente Karine. Résultat : nous sommes en cessation de paiement à la fin du mois".

"C’est regrettable, commente Daniel Garipuy, l’un des médecins chargé des patients atteints par le VIH   à l’hôpital Joseph Ducoing. Cette association faisait du très bon travail à peu de frais en direction d’une population difficile à suivre. Ces femmes ne vont pas dans les autres structures telles que AIDES".

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