Afrique du Sud : la nouvelle ministre de la santé change le cap en matière de lutte contre le sida

Publié le 16 octobre 2008 sur OSIBouaké.org

Le Monde, le 15 10 2008

La nouvelle ministre sud-africaine de la santé, Barbara Hogan, n’a pas tardé à prendre ses distances vis-à-vis de Manto Tshabalala-Msimang, qui l’a précédée à ce poste et que ses positions sur de prétendus traitements contre le sida  , à base d’ail, de betteraves ou d’huiles essentielles, avaient fait surnommer "Docteur Betterave", ainsi que par rapport à l’ancien chef de l’Etat Thabo Mbeki.

Nommée le 26 septembre, après la démission forcée de Thabo Mbeki et de son gouvernement, Barbara Hogan s’est exprimée, lundi 13 octobre, lors de la cérémonie inaugurale de la conférence internationale sur la recherche d’un vaccin contre le VIH  , qui se tient pour la première fois sur le continent africain, au Cap (Afrique du Sud).

"Nous savons que le VIH   est la cause du sida  ", a-t-elle affirmé, prenant le contre-pied des positions négationnistes de l’ancien président de la République et de sa ministre de la santé, qui n’avait pas caché sa méfiance envers les antirétroviraux. "Nous avons perdu du temps alors que nous avions l’un des meilleurs plans pour faire face à l’épidémie", a-t-elle ajouté, faisant référence à la stratégie de lutte contre le sida   que Mme Tshabalala-Msimang n’avait pas voulu appliquer.

5,5 Millions de Séropositifs

Le changement d’orientation en matière de lutte contre le sida   est donc net. Cela n’a pas surpris les associations de malades. Dès le jour de l’annonce de la nomination de Barbara Hogan, les militants de Treatment Action Campaign étaient venus chanter leur joie sous ses fenêtres et lui rendre hommage. Ils avaient débouché du champagne, que la nouvelle ministre était sortie déguster avec eux, comme en témoigne une vidéo mise en ligne sur YouTube.

Issue d’un milieu ouvrier blanc, Barbara Hogan avait rejoint le Congrès national africain (ANC) clandestin de Nelson Mandela en 1979. Arrêtée en 1981, elle passera huit années en prison. Elue députée dans le Parlement post-apartheid, elle y a présidé la commission des finances.

Au moment où le gouvernement refusait de diffuser les médicaments antirétroviraux, alors que le pays est celui qui compte le plus de séropositifs au monde, elle avait interpellé le ministre de l’économie, Trevor Manuel, lui demandant pourquoi il n’avait prévu aucun budget pour ces traitements. Thabo Mbeki l’avait convoquée en menaçant de l’évincer de la commission des finances.

L’Afrique du Sud compte 5,5 millions de séropositifs, pour 49 millions d’habitants. Sur 6 500 nouvelles personnes infectées par le VIH   recensées chaque jour dans le monde, un millier sont des Sud-Africains.

Barbara Hogan reconnaît qu’elle n’est pas une experte de la santé, mais que le nouveau gouvernement l’a nommée pour ses qualités de manager, "afin d’améliorer la santé de la population". En déclarant que "la crise du VIH   et l’exacerbation de la crise de la tuberculose qui en découle représentent les principaux défis sanitaires" de son pays et de la région, Barbara Hogan a tracé ses priorités.

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