Afrique du Sud : les femmes vivant en milieu rural sont les oubliées de l’action contre le VIH

Publié le 28 mars 2008 sur OSIBouaké.org

Les Sud-Africaines séropositives qui vivent dans la pauvreté en milieu rural sont victimes de discrimination dans leurs relations personnelles et au sein de leur village - parce qu’elles sont femmes, séropositives et en situation de marginalisation économique.

Un nouveau rapport d’Amnesty International, basé sur des interviews de femmes vivant en milieu rural, et dont la majorité est séropositive, dénonce les énormes difficultés qu’elles rencontrent dans un contexte marqué par l’épidémie galopante qui touche l’ensemble du pays.

« Les femmes vivant dans des zones rurales en Afrique du Sud sont touchées de manière disproportionnée par la pauvreté et le chômage, a déclaré Mary Rayner, chercheuse d’Amnesty International sur l’Afrique du Sud.

« Elles ne cessent d’être en butte à des comportements et pratiques discriminatoires - notamment de la part de leurs compagnons - et vivent dans un environnement fortement empreint de violence liée au genre, dont des violences sexuelles. »

Malgré les améliorations progressives de la prise en charge de l’épidémie du VIH   par le gouvernement sud-africain et l’adoption d’un plan sur cinq ans largement plébiscité, 5,5 millions de personnes sont séropositives - ce qui fait de l’Afrique du Sud l’un des pays les plus touchés au monde. D’autre part, 55 p. cent d’entre elles sont des femmes. En Afrique du Sud, les femmes de moins de vingt-cinq ans sont trois à quatre fois plus infectées par le VIH   que les hommes de la même tranche d’âge.

De nombreuses femmes interrogées par Amnesty International affirment qu’elles ne sont guère en mesure de se protéger contre l’infection par le VIH  , car elles risquent de subir des violences lorsqu’elles proposent d’utiliser des préservatifs.

L’une d’entre elles a déclaré que son mari, camionneur, passait la majeure partie de son temps sur les routes. Pendant ses congés, il la sollicitait pour des rapports sexuels, mais refusait d’utiliser des préservatifs lorsqu’elle le lui demandait. Lorsqu’il a abandonné sa famille, elle est tombée malade et a découvert au centre de santé local qu’elle était porteuse du VIH  . Elle ne sait rien de l’état de santé de son mari depuis qu’il l’a quittée.

Plusieurs autres femmes ont rapporté qu’elles avaient été battues et contraintes à avoir des rapports sexuels avec leurs maris, qui avaient vigoureusement refusé l’utilisation de préservatifs.

« La vie des femmes dans les campagnes sud-africaines est marquée par une violence persistante au sein de leur famille, de leur foyer et de leur village, peu sûr et en sous-effectif policier, a indiqué Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

« La coexistence de l’épidémie du VIH   et de la violence contre les femmes porte un grave préjudice aux femmes, aux jeunes filles et aux fillettes sud-africaines - en termes de violence physique mais aussi psychologique. »

La vaste majorité des femmes rurales interrogées par Amnesty International ont déclaré que leurs conjoints répugnaient ou se refusaient à subir un test de dépistage du VIH  , même lorsque leur séropositivité était fort probable. Bien souvent, leurs compagnons les frappaient lorsqu’elles tentaient de se rendre dans des services de santé pour recevoir des traitements et des soins.

Le traitement efficace du VIH   ou du sida   nécessite pourtant des visites régulières dans des hôpitaux ou des centres de soins. En outre, la prise de médicaments doit s’accompagner d’une alimentation quotidienne correcte. Mais pour les femmes séropositives qui vivent dans les zones rurales, sans emploi ni ressources, s’alimenter de manière régulière est une lutte permanente et, bien souvent, elles ne peuvent se payer le transport jusqu’aux centres de soins habilités à fournir les traitements.

« Se trouver dans l’impossibilité physique de se rendre dans les centres de soins revient à être privé de l’accès aux services de santé. Le gouvernement doit s’impliquer plus avant afin de garantir cet accès », affirme Michelle Kagari.

Dans son rapport, Amnesty International formule des recommandations précises aux autorités nationales et provinciales afin de remédier aux grandes difficultés que rencontrent les femmes rurales atteintes par le VIH  . En outre, elle adresse des recommandations aux institutions et pays donateurs qui apportent leur soutien aux initiatives de santé en Afrique du Sud. Afrique du Sud.

18 mars 2008 - Amnesty International

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